Depuis début novembre, le marché couvert a été fermé pour cause de travaux de réfection. Lancées par le maire de Mostaganem, les rénovations devraient initialement redorer le blason de cette merveille architecturale datant de l'ère coloniale. Il est vrai que, depuis plus de cinquante ans, le marché n'avait subi aucune transformation ni embellissement. A telle enseigne qu'il finira par devenir pratiquement infréquentable. Prévu initialement pour ne durer que 45 jours, le chantier pourrait avoir besoin d'une bonne rallonge. Car il s'est avéré que sous les lézardes superficielles, que le projet initial envisageait de corriger, se cachaient des défauts plus profonds et surtout plus pernicieux. Si au niveau du palier supérieur, la remise en état des carreaux ne posera pas de gros problèmes, il n'en sera pas de même au niveau du sous-sol. Là, les dégâts causés par tant d'années de laisser-aller sont considérables. Pratiquement, tout le système d'évacuation des eaux usées est complètement hors service. Le faible diamètre des boyaux de ciment s'est avéré en deçà des besoins. On aperçoit partout ces buses totalement encombrées par des dépôts. Le recours à de multiples éventrations aura été rendu incontournable en raison de son obsolescence avérée. Les nombreux ouvriers qui s'affairent éprouvent de la peine à évacuer des tonnes de terre totalement souillées par des années de ruissellement. Car il est vite apparu que le drain principal qui se déverse dans l'oued Aïn Sefra est totalement à sec, ce qui prouve que les eaux usées ne faisaient que s'infiltrer dans le sol. C'est un miracle que l'on doit au système de soubassement si, à ce jour, le marché ne s'est pas effondré. La partie jusque-là occupée par les toilettes publiques, avec un accès particulier, est sans doute celle qui nécessitera une refonte totale. Faudra-t-il conserver ces servitudes ou alors devra-t-on les déplacer vers l'extérieur ? Le bon sens militerait pour la seconde alternative, mais reste à résoudre la question du lieu d'accueil. Des innovations en perspective Lors de notre visite sur le chantier, nous avons observé que la pêcherie ne disposait d'aucun endroit réfrigéré pour emmagasiner le poisson. Pourtant, il paraît inimaginable qu'une enceinte réfrigérée n'ait pas été imaginée à l'époque de la construction du marché couvert. Car, si le poisson du jour arrive souvent sous glace pilée, celui qui passe la nuit n'est pas entièrement sécurisé. Une chambre froide qui servirait comme dépôt à la fin de la journée ferait de cet espace un endroit parfaitement protégé contre les risques de dégradation du poisson. Surtout durant les grandes chaleurs qui ne sont pas spécifiques de la seule saison estivale. Sur les hauteurs, on remarque ces enseignes, notamment celles surplombant les boucheries qui, en réalité, cachent les puissants moteurs qui alimentent les chambres froides. En réalité, ce sont d'anciens modèles de réfrigérateurs, généralement des enceintes à double porte, qui offrent certainement des services minimum, avec cet inconvénient majeur, une multitude de fils électriques débordant dans tous les sens. Une remise en ordre de ces appareils et de leurs installations ne ferait que du bien aux usagers. L'idée de doter le marché d'un unique générateur de froid, suggérée par un agent, ne semble pas encore avoir l'assentiment des opérateurs. Pourtant, elle devrait, si elle était bien vulgarisée, soulager le marché de ce capharnaüm aérien qui enlaidit davantage le site, sans pour autant le sécuriser. L'idée des responsables de cette opération d'opérer une nouvelle attribution des stands n'est pas de nature à calmer les esprits. En effet, durant notre passage, ils furent plusieurs commerçants à nous dire leur opposition à tout bouleversement dans la distribution des activités par affinités. Nombreux seront nos interlocuteurs qui souligneront le fait d'être nés et d'avoir grandi dans ces espaces, ajoutant leur totale opposition à tout changement. Pourtant, tous sont unanimes pour soutenir que l'opération de réfection était une excellente initiative car, à la vue de l'état des canalisations souterraines totalement obstruées, ils auront pris conscience du danger qu'ils encouraient. Cette prise de conscience ne devrait plus les quitter s'ils tiennent à conserver leur marché dans un état de propreté et de convivialités irréprochables. Les citoyens qui piaffent d'impatience de le retrouver totalement relooké n'en attendent pas moins. Alors que les délais initiaux auront été largement repoussés, des sources proches de l'APC soutiennent que l'ouverture interviendrait dans moins d'un mois.