Chez les praticiens de la santé, certains médecins semblent hésiter à prescrire le générique à la place de la molécule mère, et ce, en dépit des recommandations des autorités sanitaires et des garanties données quant à sa qualité. Pourquoi les Algériens sont-ils réticents au médicament générique alors que les autorités sanitaires recommandent vivement son usage en raison de son coût relativement abordable ? S'agit-il d'un problème de mentalité, ou cela est dû au poids des lobbies ? Ces interrogations et tant d'autres étaient au centre des débats à l'occasion de la tenue, ce week-end, du Salon organisé par le groupe pharmaceutique Tabuk Pharmaceuticals, spécialisé dans le développement, la production et commercialisation des médicaments génériques, à la ville aux mille coupoles, El Oued. Les pharmaciens et les médecins présents à ce rendez-vous étaient unanimes à dire que cette situation est due avant tout aux réticences du prescripteur, du pharmacien et, bien évidemment, du patient lui-même, dont le choix est souvent porté sur la molécule d'origine ou le princeps, car persuadé qu'ils sont plus efficaces et guérissent plus vite que le générique. Néanmoins, chez les praticiens de santé, certains médecins semblent hésiter à prescrire le générique à la place de la molécule mère, et ce, en dépit des recommandations des autorités sanitaires et des garanties données quant à sa qualité. Ce comportement n'est pas fait pour encourager les malades. Réda Boulatteb, formateur et conseiller dans le domaine du marketing, explique que les grandes puissances comme l'Allemagne et la France ont adopté une nouvelle politique dans le domaine du médicament. Ces pays ont opté pour la généralisation du générique et mené au préalable des campagnes d'information et de sensibilisation afin de rassurer la population et garantir sa réussite. Qu'en est-il en Algérie ? Pour les pharmaciens, l'obstacle principal à la prescription est la quasi-absence de campagnes de sensibilisation ainsi que la méfiance, peu argumentée, selon eux, des médecins à l'égard du générique. «C'est au gouvernement de faire la promotion du médicament du générique et d'assurer l'autosuffisance en matière de médicaments», tranche Lyes Fodil, directeur de la région centre à Tabuk, précisant toutefois que le poids des lobbies du médicament, ou plus précisément des laboratoires qui produisent les molécules mères, pèse aussi sur le médicament du générique. «Le marché du générique est en évolution constante. La crise économique, qui ne secoue pas seulement l'Algérie, mais aussi les pays européens, a obligé ces nations à revoir leur politique en matière de médicaments et d'opter pour le générique, seulement cette nouvelle orientation n'est pas du goût des lobbies du médicament et des pro-princeps, en raison des sommes colossales que génère ce marché», accuse Lyes Fodil. Le poids des lobbies Aux malades qui doutent de l'efficacité du générique, Djeloul Farid, pharmacien exerçant à Alger, défend le générique qui, d'après lui, est aussi vrai que son princeps. Le doute est facilement levé, explique-t-il, lorsque l'on connaît les différentes étapes que traverse le processus de contrôle des produits pharmaceutiques, tous types confondus, avant leur commercialisation. «Nos médicaments sont soumis à des contrôles d'abord au niveau de notre usine et, par la suite, par le service de contrôle de la qualité, donc le générique que nous fabriquons répond aux normes requises, son rejet par certaines catégories sociales relève d'un problème de mentalité et aussi de campagnes de désinformation véhiculées par certaines multinationales dénigrant le générique fabriqué localement», affirme Laghrib Yacine de Pharma Invest, confirmant que dans certains endroits en Algérie, la prescription du médicament est pratiquement absente. Les personnes aisées tournent le dos au générique, notamment dans le Centre, d'où la nécessité, précise Lyes Fodil, de former davantage les prescripteurs de médicaments, les pharmaciens et les répartiteurs (les grossistes). Notons que l'objectif visé à travers le Salon organisé à El Oued est de montrer que le médicament générique est identique ou équivalent au médicament princeps, qu'il a la même composition qualitative et quantitative en principe actif, la même forme pharmaceutique et dans la bioéquivalence avec la spécialité de référence. Ce Salon, qui a regroupé 300 personnes entre opérateurs, pharmaciens et médecins, a été une opportunité pour les professionnels de la santé et des médicaments, en général, pour débattre des problèmes que rencontre la filière. Le Salon a d'ailleurs été ponctué par une formation sur des thématiques qui intéressent les professionnels. A ce sujet, la directrice générale de Tabuk Pharmaceuticals, le Dr Malika Benmoufouk, a soutenu que les responsables de son groupe se sont entretenus avec les responsables des deux départements, ceux de la Santé et de l'Industrie. Ces rencontres ont été programmées dans le but d'identifier les besoins de l'Algérie en médicaments génériques et en matière d'investissement dans l'industrie pharmaceutique. Sachant que le groupe a déjà une usine de production de médicaments génériques en Algérie. Le site de Tabuk Algérie occupe 6200 m² à la zone industrielle de la ville de Blida. L'usine est spécialisée dans la fabrication des formes sèches (comprimés et gélules).