Les produits contrefaits continuent d'inonder le marché national. Les frontières algériennes, surtout terrestres, sont connues pour être de véritables passoires. Le manque à gagner pour l'économie nationale en raison de ce phénomène, selon l'UGCAA, serait de 25 milliards de dinars. Et les pouvoirs publics, à travers leurs différents organismes de lutte contre la contrefaçon, donnent l'impression d'être incapables de répondre à cette déferlante de produits contrefaits provenant d'autres pays, notamment asiatiques. Intervenant hier lors de son passage matinal à la Chaîne III de la radio nationale, M. Medjber Bouanem, directeur de la lutte contre la fraude à la douane algérienne a révélé que « l'administration des Douanes ne peut pas contrôler tout le temps en tout lieu du territoire national ». Voici un bel aveu d'impuissance de la part d'une institution publique, certes pas la seule sur le front de lutte, contre ce phénomène tentaculaire. M. Bouanem considère aussi que « si la Douane se mettait à contrôler les 800 000 à 900 000 conteneurs que nous importons par an, les délais de dédouanement seront d'un mois pour chaque conteneur ». Une option qui, à ses yeux, suscitera « des blocages pour l'économie réelle et les investissements ». Que font alors les services des Douanes dans ce cas ? L'invité de la radio a insisté sur le fait que les douanes algériennes n'interviennent qu'après « la demande pour protection fomulée par les propriétaires de marques qui s'estiment victimes de contrefaçon ». Sinon, cet organisme s'interdit de dépasser cette ligne, à en croire ce responsable. En chiffres, les services des Douanes ont pu, selon lui, mettre le grappin sur 1,5 million de produits contrefaits en 2008, soit une valeur de 150 millions de dinars contre 2, 2 millions de produits en 2007 ; l'équivalent de 100 millions de dinars. « Les produits pharmaceutiques et les pièces de rechange viennent en tête des produits retenus », a expliqué M. Bouanem, en précisant que les services des Douanes sont intervenus sur demande des fabricants locaux de cosmétiques et de pièces de rechange. Interrogé par l'animatrice de l'émission sur la prolifération de la vente des produits pharmaceutiques contrefaits sur le marché, ce responsable s'est montré étonné du fait qu'« aucun industriel dans ce secteur encore moins le ministère de la Santé n'ont averti la Douane concernant la commercialisation des produits pharmaceutiques contrefaits ». Encore une autre confession consternante sur le manque, voire l'absence de coordination et de concertation entre les responsables de la Douane et ceux du département de Barkat. Affirmant que l'administration douanière se trouve face à un dilemme ; celui de faciliter les échanges et d'assurer un contrôle efficace des produits, M. Bouanem a rappelé que la lutte contre la contrefaçon n'est pas l'apanage des services des Douanes, mais relève aussi de celle des ministères de la Santé, du Commerce et de l'Industrie.