Totalement dépassé par le nombre croissant de malades, l'Etablissement public hospitalier (EPH) Abdelkader Bencharif de la nouvelle ville Ali Mendjeli, d'une capacité d'accueil de 120 lits et doté de services hospitalo-universitaires, notamment en gynéco-obstétrique, hémodialyse, pédiatrie et chirurgie, donne des signes évidents d'essoufflement. Un hôpital qui a grandement besoin d'une remise à niveau pour pouvoir répondre aux attentes d'une population en croissante progression, estimée aujourd'hui à près de 400 000 habitants. Le personnel médical et paramédical exerçant dans cette structure, ainsi que les patients qui s'y rendent, sont unanimes à déplorer l'absence quasi totale d'un plateau technique à même de répondre convenablement aux besoins les plus élémentaires en matière de prise en charge des malades. Un manque de moyens particulièrement palpable au niveau des services de médecine et de chirurgie. L'hôpital ne dispose pas, à titre d'exemple, selon le personnel du service de médecine, d'un appareil d'échographie fiable ou d'une salle d'exploration des fonctions respiratoires, d'appareils de fibroscopie ou de consommables de spirométrie pour l'évaluation de la fonction respiratoire. Plus grave encore, l'hôpital manque, selon son personnel, de médicaments de base, tels que les antibiotiques, les anticonvulsivants ou encore les hémostatiques pour les hémorragies. Le service de chirurgie est par ailleurs fermé, rapporte le personnel de cette structure depuis six mois pour absence de consommables. Les malades hospitalisés dans cet hôpital sont obligés de se tourner vers le privé pour la plus simple des analyses, comme une formulation sanguine (FNS) ou un ionogramme, indispensables aux diabétiques et aux insuffisants rénaux. Les médecins évoquent également l'insécurité qui règne au sein de cette structure en raison d'un déficit criant en agents de sécurité. L'hôpital ne dispose, en effet, selon nos sources, que de deux agents, l'un affecté à l'entrée de l'établissement et un autre qui assure tous les besoins des services. Ils dénoncent en outre le fait que l'établissement ne possède qu'une seule ambulance médicalisée. «En cas d'évacuation d'urgence de deux malades, l'un d'eux devra attendre le retour de l'ambulance avec tout ce que cela suppose comme risques d'une aggravation de son cas», déplore un médecin urgentiste de cette structure. La faiblesse des moyens dont souffre cet hôpital suscite donc et à bien des égards beaucoup d'interrogations, d'autant qu'il est censé contribuer au renforcement du CHU Dr Ben Badis, vieillot et ployant sous la pression face au flux des malades de toute la région de Constantine admis quotidiennement dans ses services. Il devrait permettre également aux habitants de pouvoir bénéficier des soins spécialisés sans avoir à se déplacer ou à être évacués systématiquement, comme c'est le cas actuellement, vers le CHU Ben Badis. Ce qui a fait dire à un médecin de l'hôpital Bencherif que celui-ci fait aujourd'hui office d'«hôpital évacuateur».