La dégradation a atteint le top dans cette structure qui souffre encore de sempiternels problèmes de gestion, avec leurs conséquences sur la prise en charge des patients. Totalement dépassé par le nombre sans cesse croissant de malades, ployant sous sa réputation parfois surfaite de centre hospitalier incontournable, le CHU Dr Benbadis a grandement besoin d'une remise à niveau, en dépit des sommes colossales injectées ces dernières années pour la réhabilitation de certains de ses services. Depuis des années, les malades hospitalisés dans cette structure sont obligés de se tourner vers le privé pour des analyses, mais surtout pour une IRM (Imagerie à résonance magnétique) ou un scanner, avec tout ce que cela implique comme dépenses. «Il faut en effet avoir des relations solides au CHU pour obtenir un rendez-vous pour une IRM», témoignent des malades hospitalisés. Sinon vous risquez d'entendre immanquablement la même réponse : «L'appareil est en panne». Chose que nous avons vérifiée nous-mêmes lors d'une récente visite au CHU Benbadis. Cela dit, il est incontestable que depuis quelques années «le grand hôpital», comme le surnomment toujours les Constantinois, donne des signes alarmants d'essoufflement. Des signes qui ne sont pas palpables uniquement au niveau des services de l'imagerie médicale, ou des analyses, mais également au niveau de certains services névralgiques. Il se trouve, en effet, qu'au niveau du service de cardiologie, situé au troisième étage, l'administration a décidé de mettre une clé au monte-charge et de limiter son accès aux seuls malades alités, à condition qu'ils soient accompagnés du personnel médical. Les patients souffrant d'une pathologie cardiaque, des porteurs de pacemaker ou insuffisants respiratoires, doivent donc, et malgré les risques encourus gravir les trois étages à pied pour un contrôle ou pour une simple consultation. Un médecin résident rencontré au niveau de ce service nous dira à ce propos : «Il est aberrant que le service de cardiologie soit situé au troisième étage dans un hôpital, alors que selon les standards internationaux, un tel service est toujours situé au rez-de-chaussée, mais, il faut reconnaître que nous sommes très loin des normes requises en matière de prise en charge des maladies du cœur.» Des médecins rapportent en outre que des vols d'objets personnels ou d'instruments médicaux, à l'image des tensiomètres ou des stéthoscopes, sont régulièrement signalés dans plusieurs services, avant d'ajouter que même des malades admis ont été dépouillés de leurs effets personnels. Quoi qu'il en soit, il est regrettable de constater que le CHU Benbadis, avec ses 1500 lits techniques, voit sa réputation sérieusement entamée par la vétusté, voire l'inexistence, d'un plateau technique à même de répondre à la demande d'un centre hospitalier universitaire de cette envergure.