Les députés ont voté jeudi dernier le projet de loi de finances pour 2019. Les élus ont choisi la prudence en écartant le recours à de nouvelles taxes qui plomberaient les dépenses des ménages et des entreprises pour l'année prochaine, celle de l'élection présidentielle. Mais pour nombre d'experts indépendants, les Algériens pourraient être de nouveau confrontés à la dure réalité dès 2020. D'ores et déjà, on annonce officiellement que la croissance devrait se «ramollir» à 2,7% et dégringoler au fil des ans pour se positionner à un niveau à peine positif, à un demi-point en 2023. Tandis que l'inflation attendue pour l'année prochaine est, selon ces mêmes experts, à plus de 7% et doublera cinq ans plus tard, pour être à deux chiffres, soit 14%. C'est dire que l'on aura toutes les raisons d'être inquiets à partir de 2020, et ce, d'autant que la croissance ne sera, malheureusement, pas au rendez-vous, ni l'année prochaine ni après. Les équilibres financiers extérieurs seront encore plus fragilisés. En effet, les estimations du Fonds monétaire international, dans son rapport de juillet dernier, ont fait ressortir un effondrement des réserves de change progressivement pour atteindre 12 milliards de dollars, soit à peine un peu plus de trois mois d'importation en 2023. C'est dire qu'à ce moment-là, si aucune politique dynamique de relance économique n'aura été entreprise d'ici là, le quotidien des Algériens sera difficile à supporter pour la majorité d'entre eux. Car la facture à l'égard de l'étranger aura atteint à ce moment-là un niveau incompressible, comme disent les spécialistes, de l'ordre de 40 milliards de dollars. Il est évident que toutes les projections partant de l'état actuel de la structure de l'économie algérienne laissent craindre, à juste titre, une dépendance encore plus accrue du pays à l'égard de l'étranger. La marge de manœuvre de l'économie algérienne sera alors encore plus réduite qu'elle ne l'aura été sans doute jusque-là, obérant ainsi de manière encore plus significative la souveraineté nationale. D'autant que les analystes supposent, par ailleurs, une dégradation de la conjoncture mondiale, liée à un ralentissement de la croissance et de la demande à l'échelle planétaire, une situation de crise internationale comme on a l'habitude d'en voir grosso modo tous les dix ans. La dernière en date étant celle des «Subprimes» aux Etats-Unis et de ses répercussions en Europe comme en Asie. C'est pourquoi de plus en plus de voix en dehors des circuits officiels plaident carrément pour un changement de cap qui romprait avec les visions à courte vue en s'engageant dans des actions à moyen terme, à travers des plans pluriannuels aux objectifs bien définis. Et c'est à ces conditions que l'Algérie pourra éviter l'écueil sur lequel son économie risque de s'échouer.