Hébétés, encore sous le choc, les habitants de l'agglomération de Tamsaout, située en contrebas d'une colline surplombant Thénia, font le récit de ces instants tragiques. Il était un peu plus de 21 h lorsqu'un premier groupe terroriste, composé d'une dizaine d'éléments, pénétra dans le douar. Le local d'un citoyen a été ciblé. Des jeunes qui jouaient au baby-foot sont malmenés et sommés de rentrer chez eux. Les assaillants, qui ont brûlé ce local, font exploser des bombes artisanales. Ce coup, à vrai dire, est un piège minutieusement préparé. Redoutant d'autres attaques, policiers et gendarmes sommaient les jeunes qui veillaient ce soir-là au niveau de la place publique et dans les cafés d'évacuer les lieux. Dans le même temps, d'autres patrouilles militaires bouclaient la ville et poursuivaient surtout les assaillants. Les rafales se faisaient entendre durant cette nuit, notamment au niveau des quartiers jouxtant le lieu du drame. A l'intérieur des foyers, les familles étaient terrorisées. «Pour nous, c'est encore la guerre», soutient un quinquagénaire. Les auteurs de cet acte sanglant évalués à une trentaine d'éléments et affiliés, a-t-on affirmé, à la redoutable phalange d'El Ansar ont pu prendre la fuite en direction des maquis. Ils sont, dit-on, rassemblés en nombre important ou divisés en groupuscules, planifiant des attentats individuels ou des embuscades spectaculaires. Intervenant avec pour objectif de secourir les familles menacées, les forces de l'ordre sont tombées dans une embuscade. Au détour d'un chemin menant à Tamesaout, où l'éclairage est insuffisant, deux Nissan et trois véhicules militaires sont ciblés par deux groupes terroristes embusqués dans un champ voisin. S'ensuivent alors des rafales d'armes automatiques et de bombes artisanales actionnées à distance. Sous l'effet de feux nourris et de bombes meurtrières, 5 militaires et 2 policiers ont été tués et 13 autres blessés. Lors de la fusillade, un jeune, de 17 ans, qui regagnait à cet instant son domicile, sera lui aussi touché aux jambes. «Impossible d'oublier cette nuit de cauchemar», témoigne un jeune homme rencontré à cet endroit. «Nul ne peut dire qu'il est à l'abri des attentats terroristes», s'inquiète-t-il encore. «Cette nuit-là, la ville respirait la peur», font remarquer des citoyens à Thénia et ailleurs. La situation sécuritaire se fragilise de plus en plus, depuis la fin du mois de juillet dernier. Chabet El Ameur, Corso, Boudouaou, Souk El Had, Naciria et Zemmouri risquent de devenir des proies faciles pour les hordes intégristes du GSPC si l'on ne redouble pas de vigilance.