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«La peinture est ma respiration»
Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2005

Ali, on dit que la peinture est un art, une forme d'expression forte. On affirme aussi que la peinture représente la vie. La question qui me vient à l'esprit avant de discuter de tout cela est : la peinture, est-elle toute votre vie ?
La peinture est ma respiration, c'est-à-dire aussi indispensable que ma respiration. La peinture est moi. Je suis immergé, fertilisé, phagocyté par elle.
Je me laisse faire, et j'aime bien cela. Il faut qu'il y ait une osmose, car il y a un énorme plaisir à faire de la peinture. Ce n'est pas un travail, c'est une activité ludique, indispensable. Les peintres sont de grands enfants, et les enfants ont besoin de s'amuser, donc les peintres ont besoin de s'amuser.
Pouvez-vous nous dire comment êtes-vous arrivé à la peinture. Est-ce que cette passion remonte à l'enfance ? Y a-t-il eu un événement disons… déclencheur ?
Je répète souvent cette anecdote. C'est une construction à partir de souvenirs. Je me rappelle lorsque j'étais en cours élémentaire, on avait une récitation La Chèvre de M. Seguin et j'ai passé beaucoup de temps à reproduire le poème. L'institutrice, que j'aimais bien, était petite de taille et j'étais amoureux d'elle, je la redoutais aussi, car elle donnait des surnoms aux élèves, alors je voulais qu'elle m'aime et quand elle a vu cette chèvre dessinée, elle m'a donné 10 sur 10.
A partir de ce dessin, il y a eu un déclic pour la peinture et la poésie. Depuis cet âge-là, je n'arrête pas de dessiner. Donc, vous voyez, l'apprentissage de la peinture est long. C'est le premier souvenir que j'ai de la peinture, est-il fondateur ? Peut-être.
Je connais votre peinture, votre manière de peindre depuis maintenant une dizaine d'années. Pour moi, votre peinture est plutôt du genre abstrait. Est-ce que c'est comme cela que vous la concevez ?
Pour quelqu'un qui a vécu en Algérie, c'est un faux débat… Cela supposerait qu'il y a une peinture concrète. Or, toute peinture, même celle qui paraît être inidentifiable, est une peinture abstraite.
C'est-à-dire ?
C'est-à-dire que la peinture de chevalet se fait en deux dimensions. Pour qu'une chose soit concrète, il faut une troisième dimension. Alors que tous les peintres trichent pour rendre l'illusion de la troisième dimension. Pour moi, il n'y a qu'une seule peinture, celle qui transmet, celle qui communique une émotion, un imaginaire. Seule
cette peinture peut être qualifiée de peinture.
De vraie peinture ?
Là, c'est un autre débat, car cela supposerait qu'il y a une fausse peinture.
Ce que vous dites me convainc, mais votre peinture reste pour moi abstraite, avec cependant des signes, des motifs d'inspiration culturelle de certaines régions d'Algérie. Comment est-ce que vous décidez de les inclure dans telle toile et non dans une autre ?
Si je dois employer un terme qualifiant ma peinture, je dirais que c'est une peinture non figurative. Pour revenir aux symboles et aux signes que l'on décèle dans ma peinture, moi, j'ai bu ces symboles et ces signes au sein de ma maman. Quel est le petit Algérien qui ouvre les yeux à la vie et qui ne voit pas de tapis, d'objets traditionnels, de dinanderie, de calligraphie, etc. C'est donc qu'on est élevé dans ce milieu où le symbole est omniprésent. J'ai bu, j'ai mangé dans des poteries faites et lissées par des mains de femmes depuis que je suis venu à la vie. Cela, c'est pour le substrat, la matrice originelle, ensuite dans ma peinture, en plus de ces signes, il y a tout ce que la civilisation musulmane nous a apporté. Et puis aussi, tout ce que la colonisation française a laissé ou plutôt tout ce que nous avons volé à la colonisation française.
Par exemple ?
La peinture de chevalet.
Pour les critiques de l'art pictural, on reconnaît une œuvre, une signature, donc par là même un artiste peintre, car il y aurait une répétition qui définirait cette œuvre-là. Est-ce qu'il y a un fil conducteur dans l'ensemble de votre peinture qui vous définirait ?
J'ai parlé de l'influence des cultures berbère, arabe, ottomane, française, car je travaille avec ces différents apports – c'est comme quand on parle une langue du Sud, on a un accent du Sud qui nous identifie -, la peinture en est une. Elle transmet des émotions, mais comme la langue, elle peut véhiculer un accent.
Ma question est plutôt par rapport à votre propre création, je veux dire, y a-t-il des répétitions thématiques, des symboles qui reviennent et reviennent encore et qui font que c'est du Silem et non pas de quelque autre artiste peintre ?
Oui, je crois que tout peintre aspire à être différent de l'autre, sinon on s'ennuierait si tout le monde faisait la même peinture. Chaque peintre travaille son style, son langage propre pour donner à voir. Tous les peintres travaillent ce langage dont vous parlez pour qu'il soit le plus personnel possible. Est-ce que je réussis à faire cela au-delà de l'aspect formel ?
Je pense que oui personnellement. Alors justement, ce que j'apprécie dans votre peinture ce sont les couleurs chaudes et chatoyantes que vous utilisez. D'ailleurs, un de vos tableaux, acquis il y a quelques années, est en bonne place dans mon salon et je le regarde toujours avec un plaisir renouvelé, pour ces raisons. Alors, comment décidez-vous des couleurs ? Au moment où vous peignez ? Où est-ce que vous mûrissez «les choses» avant de vous atteler au travail ?
Je dis toujours par boutade qu'en art il n'y a qu'une seule règle, c'est qu'il n'y pas de règles.
Oui, mais quand même !
Bien, si je dis cela, c'est qu'en effet tout est réfléchi en peinture, quand on va dans son atelier, on prend son pinceau, telle ou telle couleur, tout est prémédité, mais heureusement il y a l'aléa et le hasard qui s'immisce, qui s'invite à notre insu, même si tout est prémédité, la part du hasard est aussi prépondérante.
Autre volet des interprétations de la peinture. Certains artistes introduisent dans leur peinture de l'idéologie, du politique, comme Picasso avec son célèbre Guernica. En ce
qui vous concerne, est-ce que vous essayez de transmettre un message ou des messages à travers votre peinture ?
Vous citez Guernica, ce n'est pas une œuvre de propagande.
Je ne le pensais pas.
C'est une œuvre de commande, mais l'émotion qui se dégage de cette œuvre transcende l'événement qui lui a donné naissance. Le prétexte est effectivement ce bombardement des fascistes, mais le peintre a fait une œuvre qui dénonce toutes les guerres. Je reviens à votre question, ce sont les journalistes qui transmettent les messages, moi j'espère ne transmettre que des émotions. Je ne veux pas éduquer. Je ne veux pas être moraliste. La peinture est faite pour donner de la joie ou de la réflexion, tout au moins.
Est-ce que les études artistiques, l'enseignement technique que l'on reçoit peuvent influer pour développer un style, un genre ?
Il n'y a aucune école au monde qui «fabrique» des peintres. On le devient une fois qu'on a quitté l'école qui est un microcosme, un cocon protecteur pour apprendre, comme vous le dites, les techniques, mais l'école ne forme pas de créateurs. Tout créateur est en fait autodidacte. Il le devient à la force des poignets.
Est-ce que vous vous définirez par rapport à une école ?
L'histoire de l'art en Algérie n'est pas assez ancienne pour qu'il y ait des mouvements. Je fais partie de l'école algérienne, il n'y a pas de chef de file, de maître penseur, avec une réflexion théorique comme cela se faisait en
Europe.
Il y a certaines tentatives de classement, je me situerais dans l'Ecole du signe qui regroupe tous les peintres qui travaillent autour des symboles berbères.
Alors justement, l'Algérie a la chance d'avoir de grands peintres. Lequel de ces grands artistes qui sont aujourd'hui dans la mémoire collective comme feu Mohamed Khadda, ou encore Racim, vous a particulièrement influencé, inspiré ou guidé ?
Parmi les peintres algériens, je ne crois pas. Le peintre que j'ai le plus reproduit, qui a fait mon apprentissage pictural, le peintre sur les pas de qui j'ai marché dans mes années d'apprentissage, c'est Claude Monet.
Vous êtes installé aujourd'hui en France. Comment vivez-vous le fait d'être loin du lieu de votre inspiration ?
Le lieu de mon inspiration est en moi. Le poète dit : «On est du pays de son enfance», je pourrais paraphraser cette affirmation en disant qu'on est du pays que l'on peint. Moi, je continue à vivre en Algérie et je suis profondément, physiquement, attaché, lié à l'Algérie. Il ne m'est pas possible de m'en détacher et je ne le veux pas. Mais ce n'est pas pour cela que je fais de la peinture algérienne. Je suis un algérien qui fait de la peinture parce que j'espère que ma peinture est faite pour tous ceux qui l'apprécient.
Est-ce que vous peignez aussi pour un public français aujourd'hui?
Je continue dans la même idée. Ma peinture n'est pas faite pour un public français ou algérien, elle est faite pour tous ceux qui veulent la regarder, l'apprécier, l'acquérir. J'ai des œuvres dans de nombreux pays, chez des collectionneurs du Caire, de Bucarest ou de Paris.
Cela fait longtemps que vous n'avez pas exposé en Algérie. Est-ce que vous avez un projet dans cette direction ?
La dernière fois que j'ai exposé en Algérie, c'était en 2002, au Festival de la poterie de Maâtkas. Je prépare pour avril 2006 une exposition à la galerie Art et liberté, à Alger.
Je vous avais demandé de préparer une question que je ne vous aurai pas posé. Alors quelle est-elle ?
Qu'est ce que je pense de la peinture qui se fait aujourd'hui en Algérie ?
Alors ?
Je crois qu'il y a un florilège de créateurs fantastiques en Algérie. Les peintres, les créateurs existent, ils produisent, mais malheureusement leur visibilité est faible.
Pour qu'il y ait un épanouissement harmonieux de la société, il est nécessaire que les institutions attachent une plus grande importance à la visibilité des artistes.


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