Au-delà de son aspect protocolaire, cette visite revêt un cachet particulier rien que par le fait que ce socialiste espagnol est le premier président du Parlement européen à effectuer une visite officielle en Algérie. Mais son importance est aussi dans le timing choisi. Le voyage de M. Borrell intervient à deux semaines seulement de la réunion du conseil de coopération algéro-Union européenne, qui se tiendra le 21 mars à Bruxelles. M. Borell a souligné que sa visite était «incontournable» et «absolument nécessaire» et que son principal objectif est de «relancer les rapports entre l'Algérie et l'Union européenne». «Je voudrais que cette visite marque l'effort et la volonté de l'Europe pour établir avec l'Algérie en particulier et le monde musulman en général des rapports très amicaux et constructifs», a-t-il indiqué. La prochaine réunion de Bruxelles sera l'occasion pour les deux parties de mettre en place les procédures pratiques des commissions techniques chargées de plusieurs volets, notamment celui de l'immigration, de la libre circulation des personnes et de la lutte antiterroriste. M. Borrell devait rencontrer hier soir l'ensemble des délégations diplomatiques des pays de l'UE ainsi que les représentants permanents de la Commission européenne en Algérie. Accord d'association Il est prévu qu'il prononce aujourd'hui une allocution devant le Parlement algérien avant qu'il ne s'entretienne avec les présidents des deux chambres parlementaires et avec les chefs des groupes parlementaires. Il sera ensuite reçu par le ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia ainsi que par le président Bouteflika. Arrivé à la tête de l'UE en juillet 2004 pour un mandat qui expirera fin 2006, le deuxième personnage de l'Union œuvre, depuis, pour la consolidation des relations entre l'espace économique européen et l'Algérie. Il estime que cette visite s'inscrit justement dans le cadre du renforcement de ces relations. Surtout que l'accord d'association est en vigueur depuis septembre 2005. Au cours de la même visite, M. Borrell rencontrera des responsables de journaux avec lesquels il abordera certainement la situation de la liberté de la presse en Algérie qui est sérieusement menacée par les dispositions du code pénal. Trois journalistes sont en prison et d'autres risquent de les rejoindre à tout moment. Avant son arrivée, M. Borrell a été interpellé par l'Association de défense de la liberté de la presse et par Reporters sans frontières, ONG basée à Paris, afin qu'il aborde lors de ses entretiens avec le président Bouteflika la question de la «dépénalisation» du délit de presse et la levée du monopole de l'Etat sur la télévision et la radio. Josep Borrell Fontelles est un éminent docteur en sciences économiques, mais il est également ingénieur en aéronautique. Né en avril 1947 dans un village des Pyrénées catalanes, M. Borrell a abandonné l'école primaire. Il a cependant obtenu son baccalauréat qu'il a préparé à la maison depuis l'âge de 16 ans. Fervent militant du Parti socialiste espagnol, M. Borrell a accédé à plusieurs postes de haute responsabilité au sein de différents gouvernements socialistes de son pays. Secrétaire d'Etat aux Finances est le premier poste de responsabilité qu'il a occupé. Ensuite, il a été nommé ministre des Travaux publics, puis des Transports et de l'Environnement. Tête de liste du Parti socialiste espagnol lors des dernières élections au Parlement européen, il a été élu président du Parlement européen avec 388 sur 647 voix, succédant ainsi à l'Irlandais Pat Cox. Il est l'un des ardents défenseurs du projet de Constitution européenne qui n'a cependant pas été voté par certains pays de l'UE, dont la France.