Le FFS se mobilise pour le boycott de l'élection présidentielle du 9 avril. Il a réuni hier, à son siège national, les présidents d'APC et ses élus APW. La rencontre comptait un seul point à l'ordre du jour : le débat sur la falsification du processus électoral. D'emblée, le premier secrétaire du parti de Hocine Aït Ahmed, Karim Tabbou, a tenu à dénoncer ce qu'il qualifie de « double langage » du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourreddine Yazid Zerhouni, qui a indiqué récemment que le FFS est autorisé à faire campagne pour le boycott alors qu'en réalité, il a donné des instructions pour faire obstruction à ses activités. « Comme si le FFS attendait son autorisation », a lâché M. Tabbou, qui assure que sa formation activera avec une « détermination particulière », affirmant que « les partis de l'Alliance ont été obligés d'annuler les manifestations » programmées dans la wilaya de Béjaïa « faute d'auditoire ». « On a même, selon lui, transporté des populations de partout pour leur faire écouter le discours de Belkhadem. » L'orateur soutient que son parti dénoncera « tout le processus de défi et de violence qui se pratique contre les Algériens ». Il y a beaucoup de contradictions dans les statistiques livrées à l'opinion, a dit M. Tabbou, qui explique que lors du recensement général de la population de 1998, « on avait annoncé qu'il y avait 26 millions d'Algériens et le fichier électoral donnait 12 millions en âge de voter ; dix ans après, ce chiffre a atteint 20 millions, soit 8 millions de plus ». Dénonçant la manipulation éhontée du fichier électoral, le premier secrétaire du FFS souligne avec beaucoup de dérision : « On ne savait pas que les Algériens naissaient avec des moustaches. » « Nous sommes dans la sophistication du processus de la fraude », ajoute le responsable de la formation de Hocine Aït Ahmed, avant de lancer : « Le corps électoral est composé de fantômes. » Comment ? Karim Tabbou affirme que « le corps électoral a été dédoublé avec la création des électeurs qui seront en mission sécuritaire urgente, du 16 mars au 17 avril, dans les communes et le corps des électeurs temporaires dans les cités universitaires ». Le régime, selon lui, a poussé « les limites de la bêtise en bricolant et en trafiquant des candidats qui travaillent tous en réalité pour Bouteflika ». Le seul candidat « qui leur fait mal est le candidat du boycott », dit le premier secrétaire du FFS, qui qualifie l'élection présidentielle de « processus mafieux. Sinon comment comprendrequ'on recrute des étudiants et des étudiantes en leur offrant une indemnité de 4000 DA pour organiser le vote dans les cités universitaires ? ». Le responsable de la formation de Hocine Aït Ahmed a saisi l'occasion pour dénoncer les pressions qui s'exercent sur le parti. « Au premier jour de la campagne électorale, notre siège a été assiégé par les services de sécurité », raconte-t-il. M. Tabbou indique : « La bataille psychologique, nous l'avons gagnée. » Selon lui, « c'est un produit de laboratoire, une technique propre au DRS que d'annoncer des chiffres astronomiques : 8000 meetings, 20 millions d'électeurs ». « L'objectif, dit-il, est d'accréditer la thèse d'un taux de participation de 80%. » Le premier secrétaire du FFS n'hésitera pas à critiquer, sans la nommer, la candidate Louisa Hanoune qui appelle à l'organisation d'élections législatives juste après le scrutin du 9 avril. « Ils veulent faire accepter une mascarade avant de nous engager dans une autre », estime l'orateur, qui ne manque pas de décocher une flèche à « ceux qui ont décidé de se mettre au congélateur pour ne pas avoir de problèmes avec le raïs ». Convaincu que « le FFS a réussi une bipolarisation de la scène politique du pays en s'imposant comme seule force politique contre le pouvoir », M. Tabbou affirme que son parti a décidé de mettre en place un véritable ministère de l'Intérieur parallèle, des brigades de collecte d'informations sur le processus de falsification électorale qui travailleront pour informer les Algériens. Le responsable du FFS, qui indique qu'« on fait assister la même population aux meetings de tous les candidats », soutient que « le candidat Bouteflika n'a pas joint à son dossier de candidature le certificat médical ». Selon lui, à la remarque de l'agent, le chef de l'Etat avait eu pour toute réponse : « Non, je ne suis pas malade ! » Le FFS, indique son premier secrétaire, ne se contentera pas de mener des actions à l'intérieur du pays mais organisera, dans le cadre de l'Internationale socialiste, dont il est membre, des actions diplomatiques contre la mascarade électorale. Karim Tabbou annonce également que le journal du parti reparaîtra à partir de lundi prochain avec un tirage de 50 000 exemplaires.