Effectivement, il faut toute la vérité, et la vérité a fini par triompher favorablement en faveur de ce dernier. En effet, dans le livre du Colonel Godard Les Paras dans la ville (Les trois batailles d'Alger, 1972, p.287), Ben M'hidi déclare et affirme pendant son arrestation : «C'est par hasard que je me suis trouvé à l'avenue Claude Debussy, Ahmida (B. Chergui) ne pouvait le savoir.» D'ailleurs, l'ancien président du GPRA, le regretté B. Ben Khedda, affirme avec la plus ferme certitude que Chergui ne savait pas où se cachait Ben M'hidi. Dans le livre d'histoire La France contemporaine. La guerre d'Algérie 1957 (p. 285), il est noté ce qui suit : C'est au plus mauvais moment que Ben M'hidi s'installe ainsi au centre de la capitale. L'état-major des paras est, en effet, sur la piste de Benkhedda. Il sait que ce dernier peut se faire aider par des Pieds-noirs libéraux, notamment catholiques, habitant en ville européenne, et il fait renforcer la surveillance de certains quartiers résidentiels. Les chefs d'îlots du Dispositif de protection urbaine (DPU) que le colonel Trinquier a commencé à mettre en place, lui apportent un concours précieux en, communiquant les «renseignements intéressants», qu'ils peuvent obtenir dans les immeubles dont ils ont la charge. Ce sont ainsi des policiers amateurs du DPU, qui signalent la présence, dans l'appartement de l'avenue Claude Débussy, d'un «nouveau locataire arabe, dont il serait peut-être bon d'examiner les activités». Le «suspect» n'est autre que Ben M'hidi (à cette époque parfois des locataires qui dénoncent ou signalent, que, ce soit l'avenue Claude Débussy ou le Bd Saint Saëns actuellement Mohammed V ou au Télemly) lorsque des policiers, accompagnés de parachutistes du 3e RPC, viennent interpeller (par le capitaine ou lieutenant Allaire, du régiment de Bigeard le 3e»), c'est le 23 février 1957 vers 17 h, l'hôte du studio de l'avenue Débussy, ils ont très vite la certitude qu'il s'agit bien de Ben M'hidi. L'état-major des paras, sur la piste, est à la recherche de Benkhedda, et non Ben M'hidi, et ont fini par arrêter ce dernier. Il est noté également (p.985) que Brahim Chergui, responsable politique de la Zone autonome d'Alger, a été appréhendé en même temps que Ben M'hidi. Les deux leaders ont été interrogés longuement et brutalement, vainement. Ils ne «lâchent» rien (brutalement = tortures). La fermeté des leaders FLN impressionne non seulement leurs amis, mais également leurs ennemis, à commencer par Bigeard. Parmi des dizaines d'ouvrages consultés sur la Guerre d'Algérie, il n'a pas été mentionné que Ben M'hidi a été trahi et dénoncé. Ben M'hidi, chef historique, et Benkhedda ancien président du GPRA – deux grandes personnalités, deux symboles de la révolution algérienne – confirment et affirment tous deux que B. Chergui n'a jamais dénoncé Ben M'hidi et n'a jamais été le responsable de son arrestation. Le colonel Godard, l'auteur de l'ouvrage, avait déclaré que les chefs FLN et CCE changeaient d'adresse constamment. Auparavant, ils demeuraient chez le Bachagha Boutaleb (p. 295), Benkhedda (pseudo Si Salah) est chargé de la zone d'Alger, Chergui Brahim (pseudo Ahmida) est son adjoint politique. On n'a pas le droit de garder le silence. C'est une question de conscience. Il faut révéler les faits inconnus ou dissimulés pour que l'histoire ne reste pas cachée. – M. Stambouli, Chercheur et bibliophile