Un fait qui a laissé plus d'une émerveillée par la richesse des broderies et par la coupe du modèle. Licenciée en sociologie et en sciences économiques, elle décide de s'inscrire dans une école de stylisme en 1992 au Mexique. Après 24 mois d'apprentissage, elle décroche un diplôme de créatrice de mode. Elle est également diplômée de la prestigieuse école parisienne de broderie d'art Lesage. Une fois de retour au pays dans les années 1990, elle prend l'initiative d'ouvrir à Birkhadem une école de mode baptisée El Djazaïr où plusieurs diplômes en technicien supérieur sont déclinés au bout de 3 mois à la gent féminine, dont modéliste et dessinatrice de mode. Mme Hedia Lahouri a été, pour ainsi dire, la première à avoir introduit la conception assistée par ordinateur. «J'apprends à mes futures diplômées à être des conquérantes de la mode.» Depuis 5 mois, elle a ouvert, au grand bonheur de ses clientes, une boutique Dounia H. qui propose exclusivement de belles tenues traditionnelles. La haute couture, pour cette styliste, est avant tout un modèle unique avec un choix précis du tissu, du modèle et un travail fait entièrement à la main, ajoutés à cela des accessoires de qualité. Elle avoue que de nos jours la haute couture s'est clochardisée et que l'Algérien n'a plus d'âme. Toute la capitale, dit-elle, a été envahie par les déchets du Moyen-Orient, du Maroc et de l'Asie. «Si on arrive à s'imposer par notre façon de s'habiller, nul besoin d'importer du chiffon. J'ai fait le tour du monde, je n'ai jamais vu une femme d'ambassadeur exhiber un costume qui n'est pas de sa culture. La mode, c'est aussi faire de la politique.» A la question de savoir pourquoi notre interlocutrice n'a participé que timidement à certains défilés de mode, elle répond que c'est trop cher d'organiser de telles manifestations. Prévoyante, elle préfère garder son investissement pour ses stagiaires. Humble jusqu'à la moelle, Mme Lahouri se dit être une algérienne privilégiée. «Je rends à César ce qui appartient à César. Mes connaissances, je les dois à mon pays», conclut-elle.