Une première en Algérie : le traitement de la campagne pour la présidentielle par les médias nationaux est passé au crible par une équipe de professionnels. Lancé par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), avec une équipe de monitoring et animé par une vingtaine de jeunes formés par une ONG yéménite spécialisée, le programme est soutenu par l'Arab Working Network et l'International Media Support (ONG danoise). « Nos agents décortiquent le contenu des quotidiens, des JT de la télévision et de la radio durant la campagne électorale. Nous établissons des fiches précisant la nature du contenu, son espace exact et son orientation. On devra répondre à plusieurs questions : est-ce que les candidats ont eu le même espace dans les médias ? Est-ce que les partisans du boycott ont eu droit à la parole ? Comment l'iconographie de tel ou tel candidat a été traitée ? etc. », explique-t-on à la Ligue. Le but de l'opération est de sensibiliser la presse aux valeurs de l'objectivité. « Parfois, même sans le vouloir, les journalistes peuvent orienter leurs articles ; il serait intéressant pour eux de voir les résultats de notre enquête », indique un des animateurs de la LADDH. Les résultats des observations seront annoncés en cours de semaine après la fin de la campagne électorale. Ce genre d'expérience a déjà été réalisé à l'occasion d'élections dans des pays arabes, notamment en Tunisie, au Liban, en Palestine et plus récemment au Yémen, en Syrie, au Maroc et à Bahreïn. Selon un expert de l'Arab Working Network, même dans les pays arabes ayant connu une modeste avancée démocratique, l'on remarque que les médias favorisent toujours le président sortant ou le parti au pouvoir. L'objectif à moyen terme pour la Ligue est de lancer d'autres programmes sur les médias : par exemple, comment traite-t-on l'immigration clandestine, le suicide, les travailleurs étrangers, etc. « Une manière aussi de voir si les médias collent à la réalité sociale et au vécu », conclut-on.