A peine deux jours d'accalmie relative, après les incidents ayant eu lieu mardi dernier dans la commune d'Ahnif (45 km à l'est de Bouira), où des urnes ont été empêchées d'atterrir dans les bureaux de vote, la petite localité frondeuse a renoué hier avec le décor de l'émeute. En effet, dès que le résultat final de l'élection présidentielle a été proclamé, propulsant Bouteflika avec un score inattendu (90,24%), plusieurs centaines de jeunes et moins jeunes de cette localité ont investi la rue pour, disent-ils, dénoncer cette énième mascarade électorale. Ainsi, le tronçon routier de la RN5 traversant cette localité a été fermé à la circulation durant la matinée d'hier. Des troncs d'arbres et des pneus brûlés ont été utilisés par les manifestants pour barricader ce tronçon tandis que la protesta s'est propagée du côté la RN26 reliant Bouira à Béjaïa. Une brigade antiémeute a donc été rapidement dépêchée sur les lieux pour dégager ces deux routes nationales connues pour leur important trafic routier et disperser l'importante foule chauffée à blanc. A ce moment, la tension était montée d'un cran, rappelant les émeutes de 2001 en Kabylie, où des heurts se sont produits. Bombes lacrymogènes d'un côté, jets de pierres et cocktails Molotov de l'autre. C'est une vraie bataille qui a rendu l'atmosphère irrespirable à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Ailleurs, dans les localités environnantes, notamment celles de Raffour, Saharidj et Takerboust, où des incidents ont eu lieu la veille (jour de l'élection), le climat était tendu durant toute la journée d'hier.