Comme beaucoup de jeunes africains qui ont entrepris le chemin de la conquête, avec le rêve d'outrepasser le continent et d'accéder aux terres promises, Myriam, une jeune africaine de vingt quatre ans, a accosté à Maghnia, ville algérienne, à treize kilomètres de la frontière Algéro-marocaine, à la suite d'un échec de passage aux confins de ce «no women's land», seuil du Maroc. Se trouvant ainsi cantonnée parmi les non élus à l'éden, dans cette ville cosmopolite qui abrite les clandestins égarés, avant d'être remis à leur pays d'origine, cette Africaine, émigrée sans valise, a succombé à l'aliénation mentale, après avoir été quittée par son compagnon de route qui a renoncé à cette traversée, décidant de rebrousser chemin et de regagner son lieu de provenance. Insouciante de son arrestation et de son expulsion vers son pays d'origine, Myriam, cet être vulnérable, s'est manifestée, rompant de cette manière avec son mutisme, déambulant pieds nus dans les dédales de la cité, sous le grondement d'un tonnerre fracassant et la chute d'une pluie torrentielle, bravant peut-être tous ceux qui font opposition à son rêve qu'elle entretient jusque dans sa folie : Le rêve de joindre l'autre bout de la rive…