Le béton prend la place des orangers, des citronniers, des poiriers, des pêchers, des vignes... Les terres agricoles dont jouit la commune d'Ouled Moussa, wilaya de Boumerdès, depuis de longues années, sont profondément défigurées, détournées de leur vocation. Source de vie d'une bonne partie de la population locale, ces terres ont été transformées en petits lots de terrain à usage de construction et d'habitation. La population ne décolère pas et des partis politiques saisissent les plus hautes autorités du pays afin que justice soit rendue. Une lettre de trois pages, dont nous détenons une copie, a été adressée au président de la République. Dans leur lettre, les signataires, à savoir le bureau local du RND, la kasma du FLN et la section locale de l'ONEC, parlent d'« abus inqualifiables classés comme crimes économiques », relatant dans le détail ce qu'ils considèrent comme de « graves dépassements commis par l'APC de Ouled Moussa ». Ils précisent qu'une surface de 55 hectares à vocation agricole a été dilapidée. Ces terres du domaine public (exploitations agricoles) étaient plantées de citronniers, de raisin de table, de poiriers, d'orangers et de pêchers. La justice qui a pris l'affaire en main en 2006 l'a enrôlée en 2008. Le tribunal de première instance de Boumerdès, comme il est souligné dans la lettre, a condamné le président de l'APC d'Ouled Moussa à une peine de trois ans de prison ferme, assortie d'une amende de 100 000 DA, le procureur de la République ayant requis une peine de cinq ans de prison ferme. Mais le dossier n'était qu'à son début. En mars 2009, la cour de Boumerdès l'a condamné à une peine de 18 mois avec sursis, assortie d'une amende de 30 000 DA pour destruction de récoltes et déperdition d'exploitations agricoles. Le procureur de la République avait, faut-il le préciser, requis l'application de la même peine qu'en première instance. Les services des domaines, quant à eux, ont exigé une compensation financière de 500 millions de dinars. La même somme a été exigée par les services agricoles en dédommagement du préjudice subi. Les signataires de la lettre, qui demandent une commission d'enquête, affirment que cette superficie n'était nullement exploitée pour l'utilité publique. « Elle n'était guère incluse dans l'assiette consacrée à la construction des 1500 logements ou celle qui était destinée à l'extension de la zone d'activité de la commune », est-il souligné dans la lettre par laquelle les signataires attirent l'attention des hauts responsables de l'Etat quant au « clientélisme et la corruption qui gangrène la commune ».