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«Il faut protéger ceux qui épousent d'autres religions»
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2008

– Habiba K., une jeune femme algérienne, est poursuivie en justice pour pratique sans autorisation d'un culte non musulman. Quelle est votre réaction ?
– Cette affaire est devenue internationale. On a l'impression que le mot christianisme est devenu une accusation. Les législateurs et les moralistes ne peuvent pas pénétrer la conscience des individus. Pratiquer le culte de son choix dans sa sphère privée (sa maison, son jardin…) échappe totalement à l'administration, et normalement cette dernière doit faire en sorte à ce qu'il y ait respect conformément à la Constitution, aux conventions internationales ratifiées par l'Algérie et aux Déclarations universelles des droits de l'homme, de la pratique des cultes. L'idée des frontières des religions qui s'identifient à des frontières des nations est complètement archaïque et obsolète. Tout un chacun est totalement libre d'épouser la philosophie ou la confession de son choix. Donc, non seulement cette affaire est injuste, elle est inefficace ; on ne peut pas forcer les consciences.
– Puisque les lois de la République sont inspirées de la charia, est-ce que l'Islam interdit la pratique des autres cultes ?
– Dans le fiqh (exégèse), qui est une œuvre humaine, il y a un hadith (un dit du Prophète) qui dit : «Celui qui change sa religion, tuez-le.» Mais le hadith ne peut pas abroger les dizaines de versets coraniques explicites. Deuxièmement, ce hadith s'explique par les circonstances de l'époque, lorsque les musulmans étaient affligés par une coalition intertribale. Donc changer sa religion était considéré comme une haute trahison. Ce hadith s'explique par l'atmosphère guerrière (c'était une situation de loyauté ou d'allégeance). Le Coran, qui est notre fierté, accorde la liberté religieuse la plus absolue (plusieurs versets coraniques parlent de cela). Le peu d'arguments que nous avons pour montrer qu'il y a une possibilité pour la résurrection de l'Islam et que tout n'est pas perdu, il ne faut pas le toucher. L'Algérie est une grande nation et dans toutes les grandes nations, les opinions philosophiques et confessionnelles peuvent cohabiter.
En plus, c'est un bon signe de l'ouverture de ce pays. Pour mener un dialogue et s'enrichir mutuellement, il faut que l'autre existe. C'est l'autre qui m'enrichit, ce n'est pas mon semblable. Je deviens utile par ma banalité quotidienne pour l'autre et pas pour mon semblable. C'est pourquoi, j'ai dit que c'est injuste et inefficace. Injuste parce que le juge ne peut pas pénétrer les consciences, sauf s'il y a confusion avec l'hypocrisie pour avoir une religiosité de façade. Ce qui est le cas malheureusement de plusieurs sociétés musulmanes. Inefficace, puisque c'est contraire aux droits élémentaires de l'homme. Un droit garanti par la Constitution et par les Déclarations universelles des droits de l'homme.
– Justement, est-ce qu'il ne faut pas faire adapter les textes législatifs à l'évolution mondiale en appliquant les principes de l'Islam que vous venez d'évoquer ?
– C'est une régression ! La Constitution garantit les libertés des cultes, l'Algérie est signataire des Déclarations universelles des droits de l'homme qui consacrent explicitement la liberté d'opinion philosophique, politique et religieuse. Donc, c'est une contradiction avec nous-mêmes, doublée d'une démarche stérile qui fait fuir l'autre. Une religion sûre d'elle-même ne craint pas l'autre, ne craint pas la comparaison et la mise en cause. Sauf les religions qui ne sont pas sûres d'elles-mêmes qui se cultivent dans l'ombre et à l'abri de tout regard. Et ce n'est pas le cas de ma religion. Il faut respecter, au nom de la religion, le choix de ceux qui veulent épouser une autre confession. Ceux qui s'opposent à cela au nom de la tradition, de l'Islam, l'union de la nation… croient que ce pays vacille facilement et notre religion tremble à cause des conversions des uns et des autres. Si nous voulons vraiment montrer la solidité de nos principes et la force de nos convictions, nous ne devons pas craindre celui qui épouse une démarche contraire. Ce n'est pas seulement un simple avis d'un théologien, mais c'est un engagement personnel. J'incite les Algériens ayant un minimum de bon sens de foi musulmane à protéger ceux qui veulent épouser le christianisme ou toute autre religion. Les déclarations de l'Association des oulémas et celles du ministère des Affaires religieuses doivent être beaucoup plus cohérentes avec les principes de l'Islam. L'Islam qui a traduit les philosophies les plus semeuses de doute et qui a protégé le manichéisme, les religions dualistes, le christianisme et ses branches, le judaïsme… ne peut aujourd'hui tourner le dos à son histoire. Si Habiba veut se convertir au christianisme et l'autre trouve sa spiritualité dans la personne du Christ, je ne partage pas leur avis, mais je ferai tout pour qu'ils l'expriment.
– L'Algérie connaît, depuis quelques mois, une vraie polémique autour d'une campagne dite d'évangélisation. L'Islam est-il vraiment menacé en Algérie ?
– Nous sommes trop convaincus par notre vérité et nous sommes trop à l'aise dans nos certitudes. Il est anormal que nous, les musulmans, faisons tout pour vivre notre foi et notre culte dans la dignité totale et dans la beauté et la liberté dans les pays occidentaux, alors qu'en Algérie qui est le berceau du christianisme, on le craint. On ne peut protéger sa religion que dans un dialogue. Parce qu'on ne peut pas vérifier la véracité de nos certitudes qu'à travers l'affrontement. Sinon, on risque de vieillir et de se scléroser sans le savoir. La vivacité d'une religion se confirme quand elle est en contact avec lesdites vérités. Franchement, je ne vois pas où se trouve la menace. Au contraire, la menace réside dans cette atmosphère qui s'apparente à une nouvelle inquisition qui est dangereuse et pour l'Islam et pour les musulmans. Il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup de musulmans dans les pays non musulmans que dans les pays musulmans. Je m'adresse au président de la République qui est garant de la Constitution et qui est le seul qui puisse arbitrer dans cette affaire et apaiser cette atmosphère. On ne possède pas sa foi, et cette dernière n'est pas un choix et n'émane pas d'une activité cérébrale, mais ce sont des interrogations qui se soulèvent à l'intérieur de nous et malgré nous.


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