Les propriétaires des bus privés ne manquent pas d'ingéniosité pour imposer leur diktat. « Nous allons juste à Es-Sedikkia, nous ne descendrons pas en ville mes frères », lance le receveur d'un bus de la ligne 31 qui devait, en théorie, rallier d'un trait douar Belgaïd à la place Valéro au centre-ville d'Oran en passant par Canastel (un des secteurs urbains). C'était aux alentours de 11 heures 30, et les usagers, qui attendaient dans un arrêt sous un soleil de plomb, contents de voir arriver un moyen de transport, ont vite déchanté. Certains, prenant leur mal en patience, se sont pliés à la règle et ont accepté ce demi-trajet, quitte à emprunter une correspondance. La même phrase sera répétée à chaque arrêt. Arrivé à Es-Sedikkia, le même bus a fait demi-tour mais pour charger et retourner sur ses pas. « Nous allons juste au Lycée Lotfi mes frères », prévient un autre receveur d'un bus de la même ligne. Il devra lui aussi répéter cette phrase à chaque halte. Arrivé à hauteur du lycée Lotfi, la périphérie immédiate du centre-ville, le bus s'est contenté de faire demi-tour pour charger et refaire le chemin inverse. Quant aux usagers, ils devaient emprunter un troisième bus pour arriver à destination mais avec une perte de temps et un triple coût. Cette pratique est, dit-on, généralisée à plusieurs lignes. Beaucoup se plaignent mais ne franchissent pas le pas de dénoncer ces pratiques auprès de la direction des transports. Pourtant le numéro de chaque transporteur est apposé sur le côté latéral du bus, juste à côté de la porte.