Nos pays sont-ils stériles au point de ne plus enfanter des Abdel Nasser et des Houari Boumediène ? De quoi ont-ils peur au juste nos dirigeants et nos monarques ? De mourir ? Ils le sont déjà en restant spectateurs médusés, pour ceux qui ont un reste de fraternité, devant cet «SOS peuple en danger» auquel ils font la sourde oreille pour les uns. Quant aux autres, je dirais simplement qu'ils ne doivent pas s'en faire : ils ne mourront que de vieillesse, car chez cette catégorie de dirigeants et de monarques, le ridicule ne tue pas et, que pour eux, la devise la plus courtisée et chérie est : «Il vaut mieux un lâche vivant qu'un héros mort.» Une énième fois de plus donc, Israël vient d'infliger un retentissant camouflet aux pays arabes qui misaient sur la bonne foi… sioniste et qui espéraient du «hennini n'hennik» et, par conséquent, misaient sur la politique de «takhti rassi». Les massacres israéliens perpétrés à Ghaza, au su et au vu du monde entier, viennent de mettre à nu tous les monarques et dirigeants arabes devant leurs peuples. Qu'auront à dire à leurs peuples tous ces dirigeants qui se sont empressés, sous une frénésie incompréhensible, à normaliser avec l'entité sioniste sans aucune contrepartie ? Ils se sont prostitués gratuitement et là, je dois rendre hommage aux filles de joie qui, elles, ont tout de même le mérite et le courage de négocier, en position de force, leurs charmes. «hdith kyass». Qu'auront à dire ceux qui serrent tendrement, à longueur d'année, toutes ces mains de vampires sionistes trempées de sang palestinien ? Qu'auront à dire ces pays qui ferment les seuls passages salutaires devant leurs frères affamés et repoussent ceux qui, par désespoir, tentent de sauver leur peau en voulant franchir des frontières, supposées fraternelles et qui, malheureusement, tombent sous le déluge d'un feu qu'on aurait souhaité se diriger vers des cibles sionistes et non sur ces âmes affaiblies par la famine et le blocus devant des frères restés simples spectateurs. Je m'adresse maintenant à tous ceux qui imputent la responsabilité du génocide et des massacres sionistes sur Ghaza à la résistance palestinienne. L'histoire vous dira, Messieurs, que les massacres de Kafr Kassem, de Dir Yassine et de Tel Azzâtr ne sont pas dûs aux roquettes de la résistance palestinienne ; mais uniquement à cette soif légendaire, toujours inassouvie de ces monstres et vampires sionistes qui s'abreuvent de sang. A tous ceux qui décrient la résistance et qui la qualifient de terrorisme, de nous livrer leur potion magique et de nous indiquer un autre moyen pacifique, qui restituerait les terres usurpées à leur propriétaire ? Citez-moi, Messieurs, un seul pays à qui le colonisateur a offert son indépendance et sa liberté sur un plateau d'argent ? Si ce n'était ces couffins à bombes de nos kamikazes et une lutte armée de longue haleine, notre peuple ne jouirait pas présentement de son indépendance et de sa souveraineté ! Ce qui se dit aujourd'hui a été dit hier. En s'attaquant à une force coloniale titanesque, les stratèges de jadis ont ri à belles dents : «Comptez-vous, Messieurs, chasser la France à coup de faucilles ?» A chaque époque ses stratèges. Ceux d'aujourd'hui ne font pas exception et fredonnent les mêmes propos. Ce qu'oublient ces spécialistes-là, c'est que les faucilles, brandies par les mains de ceux qui croient en leurs idéaux et convaincus de la justesse de leur cause, valent mieux que ces chars, cette armada et cet arsenal de guerre qu'utilisent certains dirigeants arabes pour réprimer leurs peuples. Les armes n'ont de valeurs que si elles sont aux mains des valeureux. Que valent les armes les plus sophistiquées si elles sont aux mains des lâches ? Les Palestiniens n'ont pas besoin de l'aide arabe. D'ailleurs, un môme de huit ans l'a si bien dit un jour au journaliste qui lui posait la question : «Qu'attendez-vous de vos frères arabes ?» Le môme, que les génocides ont aguerri, a sagement répondu en ces termes : «Nous ne voulons rien d'eux. Nous voulons qu'ils cessent de nous poignarder dans le dos et de s'allier contre nous.» Je ne mettrai pas fin à ce griffonnage sans m'adresser à nos dirigeants arabes et musulmans, que Dieu leur prête longue vie et consolide leur «koursi», en leur disant : «Nous comptons sur vous pour dénoncer une énième fois, lors de votre improbable réunion ; car, à cet instant précis, vous ne vous êtes pas encore mis d'accord sur sa tenue, en raison de vos querelles. Ne nous décevez pas ! Dénoncez le génocide de Ghaza sans, toutefois, franchir les limites qui vous sont imposées ; mais de grâce, faites-le d'une manière élégante et du bout de vos plumes dorées afin de ne pas froisser vos alliés sionistes et ceux qui les soutiennent. Si, pour notre bonheur, vous vous mettiez d'accord, pour une fois, sur la teneur du communiqué, n'oubliez surtout pas d'aller le soumettre à une éventuelle correction car, sait-on jamais et inconsciemment, un mot virulent se serait glissé au Conseil de sécurité et à l'ONU et si vous pouvez aussi l'imbiber de larmes, ce serait vraiment parfait. Il parait que les larmes, mêmes à coup d'oignons, attendrissent les instances internationales.»