Les dirigeants arabes se sont réfugiés derrière le Conseil de sécurité des Nations unies, pour qu'il prenne une résolution, appelant à l'arrêt de la guerre israélienne qui lamine Ghaza depuis plus d'une semaine. Les peuples arabes sont mécontents de leurs dirigeants. Ils les accusent de rester silencieux face au génocide perpétré par l'entité sioniste contre le peuple palestinien. Les gouvernants arabes ont, pourtant, tous condamnés l'agression sioniste contre Ghaza et appelé à un cessez-le-feu immédiat. Ils l'ont fait en rédigeant des communiqués et après même avoir fait réunir leurs ministres des Affaires étrangères au Caire. Mais si les peuples arabes ont l'impression que leurs dirigeants n'ont pas réagi, c'est que leurs réactions n'ont pas été assez vives pour dénoncer comme il se doit la portée des actes de guerre qui détruisent Ghaza. Les Arabes se sont d'ailleurs contentés en dernier, de faire appel au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il adopte une résolution consacrant la fin de l'agression israélienne contre Ghaza. Les Arabes ont donc réagi, mais pas comme il se doit, et pas comme l'exige et l'impose la situation qui prévaut au Moyen-Orient. Réduite à des bouches à nourrir, des blessés à secourir et des morts à enterrer, la population palestinienne aura perdu pour longtemps sa cause, celle de libérer son pays du colonialisme sioniste. Encore une fois, elle vient d'être précipitée dans le dédale d'une gestion politique interne et externe qui veut la garder confinée dans la simple dénomination « Autorité palestinienne ». Autorité qui, faut-il l'expliquer, veut dire hiérarchie détenant le droit de commander un peuple. Mais, à force d'être massacré par ses colonisateurs, ce peuple risque d'être réduit à de simples groupes de personnes éparpillés ici et là. C'est d'ailleurs, l'un des objectifs de l'entité sioniste qui veut supprimer ainsi toute idée de création de l'Etat palestinien. C'est presque fait. Ghaza meurt. Et Ghaza n'est pas un cas nouveau en son genre. L'humanité toute entière le sait. Les massacres sionistes contre les civils palestiniens sont nombreux. Il est ainsi inutile de reprocher à Israël de tuer des enfants, parce qu'un enfant est le symbole de générations que l'Etat sioniste refuse de voir grandir. Comme il refuse de négocier le retour des réfugiés palestiniens qui, s'ils reviennent chez eux, inverseraient la donne géopolitique du Moyen-Orient. Le drame est que certains dirigeants arabes ont accepté le principe de monnayer ce retour avec une poignée de dollars. Des dirigeants arabes à l'Autorité palestinienne, les Occidentaux ont compris qu'ils ne sont que des groupuscules aveuglés par le pouvoir de mater leurs peuples en prenant le soin d'amasser des fortunes sonnantes et trébuchantes, histoire d'assurer leurs arrières. L'on se rappelle qu'en 2000, un diplomate israélien, un séfarade de Casablanca rencontré à El-Qods, nous avait affirmé qu'il suffisait de demander le numéro de compte à un responsable arabe, quel que soit son rang, pour qu'il dénonce ses compatriotes ou nous donne des informations utiles. L'assassinat de Cheikh Yacine, et bien avant lui, d'Abou Djihad en Tunisie, d'autres dirigeants palestiniens à travers le monde et ces derniers jours à Ghaza de ceux du mouvement Hamas, chez eux, exactement là où ils habitent, laissent perplexes de part la précision de leur emplacement sur les tablettes des Israéliens. «Connaissez-vous un dirigeant arabe qui est en guerre contre Israël?» Les Américains et les Israéliens ont réussi à berner le monde arabe par des slogans pompeux et un échange de dupes comme « Pétrole contre nourriture » pour l'Irak, ou « La terre contre la paix » pour la Palestine. Ils ont aussi réussi à réunir autour d'un déjeuner convivial, responsables arabes et leurs homologues israéliens pour discuter terrorisme au sein de l'OTAN et pour penser avenir au titre de l'Union pour la Méditerranée (UPM). C'est ce qu'ils intitulent « Dialogue méditerranéen (DM) » ou « Initiative de coopération d'Istanbul (ICI) », des opérations de charme dans lesquelles sont mis côte à côte Arabes et Israéliens pendant que les premiers évitent hypocritement de serrer la main aux seconds. « Le protocole s'arrange toujours pour qu'on ne se rencontre pas nez à nez et qu'on ne soit pas obligé de nous serrer la main », nous a dit un diplomate arabe à ce propos lors de la réunion qui les a regroupés à Bruxelles début décembre dans le cadre de l'OTAN. Dirigeants et peuples arabes savent pertinemment que seul la révolution armée libère les peuples de la colonisation, de l'oppression de l'impérialisme, du sioniste et du fascisme. Ce ne sont pas des mots creux. L'histoire ne les a pas bannis de son lexique. Ce sont juste des hommes qui ont décidé de fermer les yeux sur la barbarie des temps modernes, pour des considérations de maintien du pouvoir. Interrogé sur la position du président égyptien Moubarak, qui s'apparente à de la complicité ou a une non assistance à personne en danger, un citoyen égyptien au Caire a précisé à une chaîne de télévision arabe ceci : « si Moubarak est accusé d'avoir cautionner l'invasion israélienne à Ghaza, connaissez-vous un seul dirigeant arabe qui est rentré en guerre contre Israël ? »... « Ma voix continue de voler. Provoque une tempête dans ces mémoires. Raconte leur ce qui se passe, peut-être que les consciences se réveilleront », chante Faïrouz. Mahmoud Darwiche, Marcel Khalifa, Ahmed Kaâbour, Julia Boutrous, Walid Tewfik, et avant eux, Cheikh Imam et Ahmed Fouad Nedjm l'ont dit et l'ont chanté avec une parole engagée ferme et tranchante, défiant la teneur écrasée des résolutions politiques de leurs Etats. Les dirigeants arabes n'ont même pas osé comme eux, recourir au verbe fort. Et pourtant, ils auraient dû. Ca aurait été peut-être pour eux l'occasion de redéfinir sainement leur légitimité, de se rapprocher de leurs peuples en leur instaurant de nouveaux liens de confiance.