Après une semaine d'isolement, de nombreuses localités de la wilaya de Tizi Ouzou ont pu être désenclavées, mais des dizaines de villages, voire des communes entières étaient encore, jusqu'à hier, coupés du reste du monde. Malgré le déclenchement des fameux plans ORSEC et la mise en place d'une cellule de crise au niveau de la wilaya, des défaillances criantes sont apparues dans la gestion de cette situation exceptionnelle. Hier en fin de journée, le maire d'Iferhounène nous faisait savoir que même si la route vers Aïn El Hammam a été rouverte, la région n'était pas encore approvisionnée. « On nous a informés qu'une flotte est en route, mais jusqu'à l'heure où je vous parle (16h), les citoyens attendent toujours d'être ravitaillés », nous a-t-il affirmé, en précisant que tous les stocks (produits alimentaires, gaz butane et gasoil) sont épuisés. Chez les commerçants d'Iferhounène, il ne reste plus que les produits d'entretien et la route ne leur permet pas de se déplacer vers Tizi Ouzou pour s'approvisionner. La situation est encore plus dramatique dans les communes d'Imsouhal et d'Illilten toujours isolées. Le maire d'Iferhounène et un citoyen de la localité contacté par téléphone ne voulaient pas parler de la situation de leur commune avec ses 23 villages, mais ils ont insisté pour nous dire que chez leurs voisins d'Illilten « la situation est plus dramatique ». Dans les communes limitrophes, Akbil et Iboudrarène, la situation n'est pas du tout reluisante. Ils sont des dizaines de milliers de citoyens à souffrir encore d'un enneigement exceptionnel, mais surtout de la défaillance de l'Etat. A titre illustratif, les daïras de Aïn El Hammam, Iferhounène et Beni Yenni comptent plus de 100 000 habitants répartis sur plus de 200 villages. Ils ont épuisé tout ce qu'ils avaient comme produits alimentaires, leurs bonbonnes de gaz et leur stock de gasoil et ils n'ont rien reçu encore. Au niveau de l'un des plus importants dépôts de gaz butane de la daïra de Aïn El Hammam, situé à Boushel, aucune bouteille n'était disponible hier vers midi. Ils sont encore nombreux les villages (Tizi Ouzou compte plus de 1600 villages) qui vivent cette situation. Les pouvoirs publics, qui veulent faire croire que tout est mis en œuvre pour désenclaver ces centaines de villages perchés sur la montagne kabyle, oublient que ces populations n'ont pas seulement besoin qu'on leur dégage la route, mais attendent qu'on les ravitaille en produits alimentaires, en gaz butane, en gasoil et d'une manière générale d'une assistance qui leur donnera le sentiment de faire partie d'un pays qui s'appelle l'Algérie.