Bruxelles De notre correspondante La Commissaire européenne pour le commerce, Catherine Ashton, a accueilli avec prudence les déclarations du nouveau président, exprimant mardi dernier la volonté des Etats-Unis à respecter l'esprit de l'Organisation mondiale du commerce, qui lutte contre tout favoritisme national économique en faveur d'un échange ouvert et équitable. «Je suis ravie que le président Obama se soit engagé à ne pas envoyer de message protectionniste à ses partenaires commerciaux. Surtout dans une période de grandes inquiétudes économiques, telles que nous vivons en ce moment. Je reste persuadée que la réponse à la crise ne se situe pas dans des mesures restrictives, mais plutôt dans une mentalité d'ouverture économique», a-telle ajouté. La cause de ces grandes inquiétudes se situe dans la clause très controversée «Buy american» (achetez américain), en vertu de laquelle les projets d'infrastructures qui recevront de l'argent public devront utiliser d'abord de l'acier et du fer produits aux Etats-Unis. Cette mesure a pour but de stimuler l'industrie de la construction américaine. L'amendement de cette clause, adopté à la chambre des représentants mercredi soir, et qui interdit toute entorse «aux obligations contractées par les Etats-Unis dans le cadre d'accords internationaux», a été reçu comme un signal positif par les partenaires européens, ainsi que par le Canada. «Cette mesure est ridicule», a déclaré André Sapir, professeur d'économie au Centre européen de recherches avancées en économie et en statistiques (ECARES). «Même en prenant en compte la création des quelques postes que cela peut entraîner ou les profits économiques engendrés par la clause, mais qui restent toutefois très marginaux, les Etats-Unis ne peuvent nier le risque très réel de provoquer des guerres commerciales, ce qui n'est dans l'intérêt d'aucun pays et certainement pas des leurs.» Malgré l'assouplissement de la clause, la menace demeure. Selon Sapir, même si les mesures visent plus la Russie, la Chine, l'Inde et le Brésil, l'Europe doit rester vigilante. Sapir a, en outre, tracé un parallèle avec la manière dont la crise de 1929 s'est propagée au reste du monde en rappelant que les Etats-Unis s'étaient relevés plus lentement qu'ils ne l'auraient dû en raison de leur repli protectionniste. Le gigantesque plan de relance économique américain, dont le montant total dépasse les 900 milliards de dollars, est en discussion au Sénat depuis lundi. Un vote pourrait intervenir d'ici la fin de la semaine, mais la minorité républicaine a les moyens de ralentir indéfiniment les débats.