Les pays du G7, préoccupés par des signes de résurgence du protectionnisme se sont engagés, samedi, à faire tout leur possible pour combattre la crise tout en limitant les atteintes au libre-échange. Dans un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion, à Rome, les ministres des Finances du Groupe des Sept s'efforcent, ainsi, de dissiper les craintes d'un abandon par les gouvernements des principes d'une concurrence mondialisée au profit de mesures de protection de leur emploi, ou de leur industrie. Le G7 souligne aussi que la priorité, aujourd'hui, est de stabiliser l'économie et les marchés financiers, en travaillant de concert et en utilisant toutes les armes de politique économique à disposition : «Nous allons continuer de coopérer, pour éviter des répercussions et des distorsions indésirables.» A l'ouverture de la réunion ,vendredi, les ministres allemand et britannique avaient mis en garde contre le risque de replonger dans une spirale protectionniste, comme lors de la Grande Dépression des années 1930. Leurs propos soulignaient l'inquiétude, croissante, de certains responsables face au décalage qui semble s'accentuer entre, d'une part les déclarations de principe sur la nécessité du libre-échange et, de l'autre, la mise en oeuvre de mesures allant dans le sens de la défense d'intérêts nationaux. Achetez américain Le plan de relance de 787 milliards de dollars, voté vendredi par le Congrès américain, comprend un article controversé, la clause «Buy American», qui stipule que l'acier, ou d'autres matériaux utilisés pour les grands travaux prévus par le plan, devront être produits aux Etats-Unis. La clause a, toutefois, été assouplie par le Sénat, qui a souligné que cette disposition devra rester conforme aux lois ou traités commerciaux existants. Le chancelier de l'Echiquier, Alistair Darling, a indiqué qu'il s'était entretenu du sujet avec son homologue, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, et assuré que les Etats-Unis étaient «très conscients de leurs obligations envers le monde». «Tous les pays doivent maintenir leur engagement en faveur du libre-échange et des politiques d'investissement, qui sont essentielles à la croissance économique et à la prospérité», a déclaré, de son côté, le nouveau «grand argentier» américain, dans un communiqué. Les plans de soutien à l'automobile, annoncés par la France, ou l'Italie, font également grincer des dents. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré que le déblocage de prêts d'un montant total de 6,5 milliards d'euros, à taux préférentiels, à Renault et PSA Peugeot Citroën en échange, notamment, du maintien de leurs unités de production françaises, «n'était pas un plan protectionniste». La question du protectionnisme sera au centre du sommet européen convoqué par la présidence tchèque de l'UE, le 1er mars. Le G7 a, enfin, réaffirmé son souhait de voir le yuan chinois s'apprécier, sans mentionner d'autres devises, comme la livre britannique, qui ont suscité des inquiétudes ces derniers temps. Le Groupe des Sept s'est montré, cependant, moins virulent à propos de la monnaie chinoise, afin d'encourager, selon un responsable, les efforts de relance de Pékin. L'objectif est aussi, sans doute, de ne pas alourdir le climat avant le sommet du G20, le 2 avril à Londres. Outre le G7, le Groupe des Vingt comprend la Chine, l'Inde et les autres grandes puissances émergentes.