Pendant que les militaires français signaient dans la joie et la bonne humeur des traités d'amitié avec les militaires algériens, les premières conclusions de l'OMS tombaient au sujet des cas de peste enregistrés dans l'Ouest, à Kehaïlia et Aïn Témouchent. Après une étude poussée, les spécialistes ont - sans surprise - recommandé la prévention, c'est-à-dire le traitement des ordures ménagères et des eaux usées afin d'éliminer les foyers de prolifération des rats, ce que ne font évidemment pas les communes et les wilayas, trop occupées à se disputer les derniers terrains et les futurs appartements. Ces mesures qui pointent le doigt sur l'affolante décadence en matière d'hygiène tant chez les citoyens que dans les structures d'Etat censées veiller à la propreté publique constituent le seul moyen d'affamer les rongeurs. Cette méthode, appelée le « rat proofing », est destinée à rendre l'environnement le plus sain possible pour pousser les rats à ne manger que là où ils sont censés exister. L'OMS n'a pas désiré aller plus loin dans la voie de l'éradication des maladies algériennes. Mais si pour affamer les rats qui rôdent dans l'Etat à la recherche de subventions, de commissions et d'avantages matériels, on pouvait appliquer un « rat proofing », l'Algérie pourrait se débarrasser de cet autre fléau qu'est la corruption. Pour nettoyer l'Etat où vivent en toute impunité des milliers d'administrateurs corrompus qui rongent les caisses publiques et contaminent quotidiennement des cadres autrefois honnêtes, cette méthode pour éliminer la peste pourrait donner des résultats. Comment empêcher un corrompu de manger ? C'est simple, il suffit de ne rien laisser à manger, même pas des miettes, de fermer les tiroirs à clé et de mettre les chéquiers à l'abri des rats. Problème : pour fermer un tiroir à clé, il faut un tiroir, mais surtout une clé. Qui a la clé ?