Jamais la wilaya de Annaba n'aura vécu une période d'archaïsme, d'anarchie, de dépassements, de non-droit et d'affaires de corruption autant que ces derniers mois. La fermeture, pour une raison ou une autre, de 22 débits de boissons alcoolisées, dont des bars-restaurants, des complexes touristiques et des dépositaires, à la veille de l'ouverture de la saison estivale, est un exemple parmi des centaines d'autres de l'étendue de la mauvaise gestion qui caractérise la wilaya, qualifiée pompeusement de « Coquette ». « C'est une enquête qui a été déclenchée en novembre 2008 par une brigade mixte qui a concerné 70 établissements de vente de débit de boissons alcoolisées dont des structures de divertissements. Il s'est avéré que 22 parmi eux ne sont pas en règle », avait fait savoir le wali, comme pour justifier les décisions qu'il avait prises. Certains sont, il faut le dire, en contradiction avec la politique du tourisme prônée par ceux qui ont la charge de faire de « l'Algérie une destination touristique ». Ce qui a aiguisé les appétits de nos voisins tunisiens versés dans le tourisme. Plus rationnels que nos dirigeants, ils ont vite pris attache avec des propriétaires de complexes touristiques victimes de « la réglementation algérienne » pour leur proposer une offre alléchante. « Puisque vous ne serez pas en activité cet été, nous vous proposons 15 euros pour chacun de vos clients-estivant, algérien ou étranger, que vous orienterez vers nos établissements touristiques en Tunisie », leur ont-ils proposé en leur soumettant la liste d'une cinquantaine d'hôtels à différentes classes. Enfin, le wali a déclaré qu'il procédera à la régularisation de neuf établissements en « respect » avec les traditions de la République. Laquelle ? Puisque, à Annaba, tout se fait et défait au gré des édits royaux de sa majesté sans que cela n'entraîne de réaction de sa hiérarchie. Outre la fermeture de la majorité des infrastructures touristiques, il a mis toute la ville en chantier dont l'achèvement des travaux n'est pas pour demain. Pour ce faire, il a attendu l'arrivée de l'été pour éventrer toute les rues, y compris les principale pour redorer le « blason terni » de Annaba. Combien de fois cette dernière a été le prétexte d'une telle ambition pour justifier des marchés dont la portée a rarement profité aux citoyens. Au plan social et économique, le programme de relance économique lancé par la présidence de la République ne semble pas être d'un grand secours pour la wilaya. Après avoir espéré un quelconque impact sur leur quotidien, les populations en majorité des jeunes, ont dû se rendre à l'évidence. Les finances versées par l'Etat au Trésor public local ne leur profiteront pas. Elles ont servi à d'autres dont les poches étaient déjà pleines. Ce qui a fait naitre une nouvelle race de prédateurs dont l'un d'eux est en prison et l'autre en voie de l'être. Cet été 2009, Annaba ne s'est pas faite plus belle que les précédentes années. Sa corniche ne ressemble plus à l'Eldorado tant vanté. Les malheureux estivants qui choisiront Annaba seront déçus par ses crises multiples, ses catastrophes, ses SDF, sa tristesse et ses larmes. Cet été à Annaba, le chant de la liberté ne s'entendra pas. Il n'y aura que des fausses notes. Son charme ne sera plus marquant. Sa bienveillance non plus.