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Psychologues, briseurs de silences
Publié dans El Watan le 17 - 04 - 2009

La psychologie serait-elle un sport de combat ? Dans le domaine de la santé publique, la question se pose tant pour le patient que pour le praticien. Sur les 1593 psychologues cliniciens que dénombre le ministère de la Santé, seuls 24% d'entre eux possèdent le matériel nécessaire à la prise en charge du patient et 37% ont un bureau à leur disposition. Plus de 400 sont en préemploi pour deux années rarement couronnées par une embauche stable. Faut-il donc être fou pour embrasser le métier ? «Ce qui est beau, c'est de s'éreinter pour finalement réussir à tisser des liens de confiance et soulager l'autre du fardeau qui l'empêche de vivre», confie Dalila, psychologue d'une cellule d'écoute téléphonique, dont les multiples tentatives pour obtenir un poste en hôpital se sont avérées infructueuses. Du côté du citoyen en souffrance, la persévérance sera également un atout nécessaire. S'il se présente à la polyclinique Oued Ouchaïah Bachbjarah, après avoir quelque peu erré de la réception sans réceptionniste aux couloirs de l'administration, il n'aura pas la certitude de rencontrer la psychologue, dont personne ne pourra lui donner un contact téléphonique
Il repartira sans rendez-vous : «Vous la trouverez demain, inchallah.» Si, tenace, il se tourne vers un centre de soins intermédiaires en santé mentale, il ne lui restera que quelques mois pour bénéficier d'un soutien psychologique complet, alliant thérapie individuelle et assistance sociale. A court terme, l'équipe technique sera remplacée par un médecin généraliste et un dentiste. Et les urgences de sa psyché malmenée seront ajournées, différées, réduites à un abcès dentaire.
Femmes isolées
Mais si l'offre thérapeutique publique régresse et si la formation universitaire du psychologue en devenir se dégrade, confondant psychologie, sciences de l'éducation et morale religieuse, la demande, elle, s'amplifie.
A la cellule d'écoute du repère Lewhi, à Tizi Ouzou, on reçoit des appels de tout le pays, qui questionnent aussi bien sur les angoisses du premier rapport sexuel ou les mystères de la ménopause que les drames de l'inceste. Des lieux d'écoute psychologique, ultimes points de chute des détresses intimes et des questions taboues, émergent les échos de phénomènes sociaux invisibilisés et s'élabore le désir de s'interroger plutôt que de s'en remettre aux injonctions du groupe. Si l'on constate une relative progression de la demande masculine, la demande d'aide est majoritairement le fait de femmes confrontées à la violence intrafamiliale ou au malaise des enfants. « Contrairement aux femmes, les hommes ont des lieux de communication et de confort identitaire, comme le café, la mosquée ou le stade », explique un psychologue clinicien. « L'organisation sociale isole les femmes. La reconnaissance d'un harcèlement sexuel, par exemple, est un parcours du combattant. Et c'est parfois la victime qui deviendra bourreau par une accusation en diffamation de l'agresseur. Quand la violence est familiale, c'est pire. Dans la tête des femmes, parler de sa souffrance s'apparente à de la délation. C'est une rupture du schéma traditionnel. Les délivrer de la culpabilité à dire est très long, parfois vain », ajoute une professionnelle. Tandis que la Société algérienne de recherche en psychologie, qui regroupe des chercheurs et des praticiens, œuvre patiemment, souvent grâce aux subsides internationaux et entre autres activités, au soulagement psychique des victimes du terrorisme,des lieux associatifs aux cabinets privés, on souligne l'amplification des maltraitances faites aux femmes et aux enfants ainsi qu'une banalisation des comportements violents chez les mineurs. « Il semble que le manque de référence d'autorité dans la scène sociale, familiale, judiciaire et politique souligne le déficit de l'Etat de droit qui ouvre à chacun la latitude de bafouer les lois », analyse le professeur Merdaci dans son livre Folies et clinique sociale en Algérie .
Société du silence
Le 13 avril dernier, dans le cadre du premier séminaire sur le psycho-trauma, le docteur Mourad Sana indiquait que 460 cas de traumatismes psychiques ont été enregistrés en 2008 dans la wilaya de Sétif, dont plus de 60% concernaient des femmes et des enfants de moins de dix ans, en majorité victimes d'agressions sexuelles et de violences dans le cadre scolaire, où l'on compte en moyenne un psychologue pour dix établissements.
« Les cas qui m'ont vraiment marqué sont ceux des enfants victimes d'inceste. Personne ne peut accuser le père. Le silence est total. ça me brise », nous confie un psychologue. Mais, le plus souvent, à force de patience et de bienveillance, le patient se délivre.
« Quand un enfant commence à parler ou qu'un adulte décide d'espacer les consultations parce qu'il s'immerge à nouveau dans ses activités, c'est le signe d'une réparation et c'est un bonheur immense. Dans cette société du silence, nommer, c'est une révolution », conclut un praticien. Humaniser les maux par les mots, briser les silences à force d'attention, lutter contre les enfermements sociaux est l'immense mission du psychologue. « Peut-on alors croire Ahmed Ouyahia lorsqu'il affirme que les revendications des praticiens de la santé publique sont légitimes mais pas pressantes ? » est la question d'un professionnel à laquelle le citoyen seul peut répondre.


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