Des combats meurtriers ont opposé lundi dernier, à la frontière entre les deux pays, l'armée de N'Djamena aux rebelles tchadiens, rapporte de son côté le Centre soudanais des médias, proche des services de renseignement de Khartoum. Aucune autre source n'a fait état d'affrontements jusqu'ici. Base arrière des rebelles tchadiens qui ont failli renverser le président Idriss Deby Itno en février 2008 à N'Djamena, le Soudan est souvent considéré comme leur principal soutien. Pour certains observateurs, le Tchad joue le même rôle auprès de factions rebelles du Darfour, dans l'ouest du Soudan. Ces derniers jours, diverses sources avaient évoqué l'imminence d'une nouvelle offensive de la rébellion tchadienne contre le régime tchadien. «Alors que l'encre de l'accord de Doha n'a même pas séché, le régime de Khartoum vient de lancer plusieurs colonnes armées contre notre pays», a affirmé hier à la radio d'Etat le porte-parole du gouvernement tchadien Mahamat Hissène. Il a évoqué une «agression programmée contre le Tchad», sans indiquer la localisation de ces «colonnes armées» ni la date du début de l'offensive présumée. Le porte-parole, également ministre de la Communication, a pris «à témoin» la communauté internationale de «la mauvaise foi» et de la «duplicité» de Khartoum. Les forces armées soudanaises ont immédiatement démenti toute implication, assurant n'avoir «aucun lien» avec une telle offensive. «Ce qui se passe actuellement au Tchad concerne l'armée tchadienne et les rebelles tchadiens», a déclaré un porte-parole, Osmane Al Aghbash. Dimanche, sous l'égide du Qatar et de la Libye, Khartoum et N'Djamena avaient signé à Doha un nouvel accord s'ajoutant à de nombreuses «ententes» conclues ces dernières années pour pacifier leurs relations tumultueuses, mais restées lettre morte. Après une première tentative qui avait fait long feu en avril 2006, les rebelles tchadiens avaient lancé, l'an dernier, une offensive spectaculaire depuis leurs bases arrière soudanaises. En moins d'une semaine, ils avaient traversé le pays d'est en ouest (un millier de kilomètres) pour entrer le 2 février à N'Djamena, où ils ont été à deux doigts de renverser Idriss Deby.