Quelle est la définition du concept modernité ? Quelles sont les raisons de l'échec de la modernité en Algérie ? Pourquoi l'Algérie est à la traîne des pays qui ont mis en place, au même moment, une stratégie de développement ? Pourquoi le développement de l'industrie a-t-il échoué ? Ce sont, entre autres, les interrogations formulées hier par les participants au forum des débats organisés par le quotidien El Watan. Ce forum, dernier de cette saison, a été consacré à la thématique portant sur « La modernité en Algérie : les raisons d'un échec ». Sollicité pour donner un aperçu et un éclairage sur la question, Djamel Guerid, sociologue et professeur à l'université d'Oran a incriminé en premier lieu le pouvoir en place. Les raisons de l'échec, selon lui, tiennent de l'opposition qui vient du pouvoir lui-même à l'adresse de la classe émergente. Un pouvoir qui veut à tout prix se maintenir en place et ce, quelles que soient les circonstances et les sacrifices. « Le pouvoir ne voit pas d'un bon œil le secteur industriel. Un secteur qui est le moteur de développement et de modernité. Il l'a donc cassé, alors que c'est lui-même qui a édifié les bases de son émergence », a soutenu le conférencier qui estime que le pouvoir dans ses luttes intestines a détruit, au détriment de la société, toute chose pouvant lui faire de l'ombre. Il y a eu du point de vue de Guerid une fraction autonome. « Un PDG de Sonatrach ou d'une autre entreprise similaire était beaucoup plus puissant qu'un ministre et si ces entreprises venaient à s'unifier, elles pouvaient être un danger pour le pouvoir, d'où leur destruction », a souligné l'orateur qui explique que l'industrialisation n'était pas liée au domaine économique, mais plutôt à la construction d'une société. L'intervenant s'est attardé sur la réforme de l'école et de l'université qui n'a malheureusement pas apporté les fruits escomptés à cause des divergences liées au conflit arabophones-francophones. Par ailleurs, le sociologue a refusé de donner une définition de la modernité, affirmant que les chercheurs ont tendance à poser les questions qu'ils veulent plutôt que d'apporter des réponses. La dualité entre société moderne et traditionnelle a été également évoquée lors du débat.