– Permettez-moi, Votre Excellence, en premier lieu de vous demander de donner à nos lecteurs un aperçu sur la Malaisie… – La Malaisie est située au cœur du Sud-Est asiatique. Comptant une population de 27 millions d'habitants, notre pays est un parfait kaléidoscope de races, de cultures et de religions. L'Islam est la religion officielle, mais il existe une parfaite liberté religieuse et, malgré toutes les différences ethniques et religieuses, les gens sont tolérants et respectueux. Nous vivons notre diversité comme une richesse. Nous sommes unis dans notre diversité. Nous avons un concept unique au monde appelé «Open House» ou «maison ouverte», qui oblige tout citoyen, même le Premier ministre, à ouvrir sa porte à qui veut entrer durant la célébration d'une fête religieuse, toutes confessions confondues. Sur le plan économique, il faut aussi savoir que la Malaisie est classée parmi les 20 premiers grands pays commerciaux au monde. Notre force réside dans la diversité de nos ressources. La Malaisie compte aussi bien sur l'industrie manufacturière que sur les services, l'agriculture et les hydrocarbures. L'informatique et l'électronique sont des domaines très développés aussi. – Quelle évaluation faites-vous des relations bilatérales entre l'Algérie et la Malaisie ? – Malgré la distance géographique, les relations entre nos deux pays sont très chaleureuses et cordiales. L'Algérie a été la première à ouvrir une ambassade en Malaisie en 1992 et, depuis 2001, la Malaisie a installé une chancellerie à Alger. Nos deux pays coopèrent aussi très étroitement à travers des regroupements régionaux et internationaux, comme les Nations unies, l'Organisation des pays non-alignés et au sein de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Le président Abdelaziz Bouteflika a d'ailleurs effectué une visite en Malaisie en 2003 dans le cadre des réunions des pays non-alignés et des membres de l'OCI. Le Premier ministre, Mahatir, a, quant à lui, effectué une visite officielle en Algérie en 2003. – Les échanges commerciaux ne reflètent toutefois pas l'excellence des relations entre les deux pays. Comment expliquez-vous cela ? – Effectivement, le niveau des échanges commerciaux est trop bas, eu égard à l'importance des potentialités que recèlent nos deux pays. Le gouvernement malaisien tient à cœur l'idée de densifier ses échanges avec l'Algérie en favorisant les visites des hommes d'affaires, mais aussi des responsables politiques. La visite d'une délégation d'hommes d'affaires malaisiens est d'ailleurs programmée pour le mois d'octobre prochain à Alger et sera très probablement présidée par le ministre du Commerce. Beaucoup d'hommes d'affaires ont exprimé le souhait de connaître les potentialités économiques de l'Algérie et vont donc venir prospecter les possibilités de rendre palpable cet élan que nous voulons encourager pour la promotion des échanges. L'Asie ce n'est pas seulement la Chine, il faut aussi voir du côté du Sud-Est asiatique. Nous faisons partie du même ensemble musulman, nous gagnerons à connaître mutuellement nos potentialités et à promouvoir nos échanges. La Malaisie a participé pour la première fois à la dernière Foire internationale d'Alger, et nous invitons l'Algérie à faire de même en participant au même type d'événement en Malaisie. Pour notre pays, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont des partenaires qui offrent de nouvelles opportunités de coopération. Nos partenaires traditionnels parmi les pays de ces ensembles sont l'Arabie Saoudite, l'Iran et les Emirats arabes unis. Nous aimerions être davantage présents en Afrique du Nord, notamment en Algérie. – Quels sont les secteurs susceptibles de booster le volume des échanges avec l'Algérie ? – Nous avons enregistré en Algérie un besoin dans le domaine de la construction, nous pouvons apporter notre savoir-faire en la matière. Ainsi que dans celui de l'industrie du bois, de l'électronique, la joaillerie, et l'exportation d'huile de palme. Dans le secteur de la santé, les Malaisiens peuvent collaborer avec le secteur privé pour la construction de cliniques spécialisées. Nous pouvons aussi envisager une coopération entre universités. La Malaisie a des accords avec des universités américaines et européennes. Les diplômes sanctionnant les études universitaires sont reconnus mondialement. 50 000 étudiants étrangers effectuent leurs études en Malaisie, dont une centaine d'Algériens inscrits dans les filières économie et informatique et les sciences sociales. A signaler aussi que des Malaisiens formulent de plus en plus le vœu d'investir en Algérie. Des discussions sont en cours pour l'installation en Algérie d'une banque islamique malaisienne établie à Londres. Des possibilités de partenariat sont aussi à prévoir dans les domaines énergétique, de la construction et de l'industrie hallal. Nous envisageons aussi de promouvoir l'exportation vers l'Algérie de véhicules automobiles fabriqués en Malaisie. – La Malaisie est aussi un géant touristique. Quelles sont les facilités que peut offrir votre pays aux éventuels touristes algériens ? – Le tourisme est la deuxième ressource financière pour la Malaisie. De 13 millions de touristes en 2001, nous avons enregistré l'année dernière pas moins de 21 millions de visiteurs. Nous avons consenti beaucoup d'investissements dans ce secteur qui est très porteur. Nous recevons des touristes venant du monde entier, notamment des pays du Golfe. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans sont victimes de l'image véhiculée par l'Occident sur l'Islam. Ils retrouvent dans un pays comme la Malaisie l'accueil chaleureux et respectueux qui ne leur est pas offert ailleurs. La force du tourisme en Malaisie, c'est sa nature qui l'a dotée de magnifiques plages et d'une flore des plus riches. Trois millions d'Algériens voyagent, nous aimerions qu'ils s'intéressent davantage à la destination Malaisie. Nous sommes en négociation pour l'ouverture d'une ligne aérienne, nous espérons que cela contribuera à encourager les Algériens à visiter notre pays et les Malaisiens à vienir aussi en Algérie. – La Malaisie fait partie des «tigres» asiatiques. En 25 ans, votre pays a su prendre le train du progrès, en passant de pays en voie de développement à pays développé. Comment expliquez-vous ce magnifique essor ? – La Malaisie a beaucoup misé sur la formation et l'éducation. Pour devenir une puissance économique, on ne peut pas se suffire d'être une main-d'œuvre du Tiers-Monde. Les ressources humaines sont la clé du développement, il est impératif d'élever le niveau éducatif. Le quart du budget de l'Etat est destiné à l'éducation et très peu au secteur de la défense. Nous avons la chance d'appartenir à un ensemble qui prône la paix et le bon voisinage, qui est l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. De plus, nous avons eu la chance d'avoir de bons leaders qui ont su prendre les décisions qu'il fallait quand il le fallait. Sur le plan économique, nous avons diversifié nos ressources et créé des couloirs économiques par région, en favorisant la puissance d'un secteur selon les régions.