Après avoir longtemps abandonné le secteur public à son sort, le gouvernement semble vouloir reprendre les choses en main en aidant les entreprises en proie à d'énormes difficultés à renflouer leur trésorerie. Un coup de pouce qui pourrait avoir un lien avec les objectifs d'aides aux entreprises publiques prévues dans la stratégie industrielle adoptée en 2007 et longtemps mise entre parenthèses voire décriée. L'exemple est donné par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales qui a signé, jeudi dernier, des contrats programmes avec trois entreprises publiques nationales pour l'acquisition de matériel destiné à l'équipement des différentes communes du territoire national. Les heureuses élues sont la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), l'Entreprise nationale des matériels de travaux publics (ENMTP) ainsi que Farm Marching et équipement (PMA Trading). Au total, 8689 véhicules seront acquis pour plus de 40 milliards de dinars. Financés à travers le Fonds commun des collectivités locales, ces contrats portent sur la dotation des parcs communaux en matériel roulant de nettoiement, d'hygiène, de salubrité et de transport scolaire. Ces mêmes sociétés publiques vont fournir les pièces de rechange pour tout le matériel vendu, assurer les prestations de réparation et une assistance technique. Le contrat signé avec la SNVI porte sur l'acquisition de 1300 minicars destinés au transport scolaire et 2 870 camions pour 22 milliards de dinars. Ce matériel vient renforcer les 1300 déjà existants en 2005, indique M. Zerhouni. Selon lui, il est également question de mettre à la disponibilité des communes 2870 camions destinés à la voirie et à la collecte des ordures ménagères. Le ministre de l'Intérieur a parlé de soutien et d'encouragement pour « les entreprises créatrices de richesse et d'emploi, capables de préserver la production nationale ». Les deux autres contrats visent l'acquisition de 1840 engins de travaux publics pour une enveloppe financière de 16,48 milliards de dinars, ainsi que 585 tracteurs et 2094 matériels d'accompagnement pour 1,75 milliard de dinars. « C'est un effet appréciable visant à renforcer les moyens matériels des communes et leur permettre d'assumer et améliorer leur mission de service public, notamment en matière de transport scolaire, de voirie et d'assainissement », explique M. Zerhouni. Aussi, plus d'un millier d'agents communaux ont bénéficié d'une formation en entretien et maintenance des véhicules et en gestion des parcs roulants. Pour sa part, Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, a souligné le fait que le ministère de l'Intérieur « va traduire, dans les faits, le soutien aux entreprises publiques à même d'encourager la production industrielle nationale ». Selon lui, d'autres efforts seront consentis une fois la « réforme totale » des finances des collectivités locales achevée. Premier à exprimer sa satisfaction, Mokhtar Chahboub, PDG de la SNVI, parle de « retombées positives » sur la trésorerie de l'entreprise. D'ailleurs, 1200 emplois directs et de nouveaux emplois indirects seront créés au niveau des sous-traitants locaux de la SNVI. Même sentiment chez Noui Salim, PDG de l'ENMTP pour qui ce nouveau contrat représente 65% du chiffre d'affaires pour la période 2009-2011 et permettra de préserver l'emploi, en plus du désendettement à court terme. Pour sa part, Attouchi Salah, PDG de PMA Trading, souligne que le volume d'affaires induit par ce nouveau contrat représente 30% du chiffre d'affaires moyen annuel. C'est ainsi que, selon lui, les filiales de l'entreprise se partagent un chiffre d'affaires de 701 millions de dinars, soit six mois d'activité pour les 2328 employés. Au-delà de ce geste envers ces trois entreprises publiques, il y a lieu de s'interroger sur les suites qui seront données à ces contrats et leur lien avec l'option de stratégie industrielle réprouvée publiquement par Ahmed Ouyahia et longtemps mise à l'index par les institutions financières internationales (FMI et la Banque mondiale). Abdelhamid Temmar continue de s'accrocher fermement à son projet en défendant le choix d'accompagner certaines grandes entreprises publiques pour booster leur contribution à la croissance de l'économie nationale.