La loi interdisant l'utilisation des agrégats naturels – particulièrement le sable des oueds – dans les chantiers de construction, promulguée en 2007 puis reportée, sera appliquée dès le mois de septembre prochain dans les wilayas de Tizi Ouzou et Boumerdès, contrairement aux autres wilayas du pays où l'exploitation des cuvettes des oueds sera toujours autorisée. Le ministère des Ressources en eau s'apprête ainsi à interdire l'extraction du sable dans ces deux wilayas eu égard à l'ampleur des dégâts occasionnés par une exploitation abusive et irresponsable des lits des oueds. Le dossier du sable nourrit à nouveau le débat dans cette région du pays. En début de semaine, des citoyens d'Aït Aïssa Mimoune, dans la daïra de Ouaguenoun (Tizi Ouzou) se sont attaqués à la sablière Seddiki dont les équipements ont été détruits. La noyade d'un jeune du village dans l'oued Sebaou a exacerbé la colère des villageois, imputant la responsabilité de ce drame à ladite sablière dont les engins creusaient dans cette rivière où le jeune homme s'est noyé. Quelques jours auparavant, le gérant d'une autre sablière, dans la zone de Sidi Naâmane, est monté au créneau pour accuser les services de la wilaya de Tizi Ouzou d'avoir bloqué son agrément alors que le site qui lui a été attribué en concession est pris d'assaut par une vingtaine d'engins (bulldozers et poclains), qui en extraient illicitement et abusivement du sable sans être inquiétés par les autorités concernées. Le trafic et les malversations à grande échelle ont toujours accompagné l'exploitation des sites de sable dans la wilaya de Tizi Ouzou. Sinon, comment des camions peuvent-ils circuler librement, traversant plusieurs wilayas avec du sable extrait illégalement, en dépit de la multiplication des barrages de gendarmerie sur tous les axes routiers ? Les chauffeurs de camions sont munis de fausses factures pour échapper au contrôle. Pour rappel, en 2005, le wali de Tizi Ouzou de l'époque avait procédé à la suspension des huit sablières agréées au niveau de la wilaya, mais elles ont été autorisées à reprendre du service quelques mois plus tard. Néanmoins, cette période a ouvert la voie aux extracteurs illicites et actuellement, c'est un véritable massacre que subit la nappe phréatique, notamment le long de l'oued de Sebaou. En plus des néfastes conséquences écologiques, les dégâts sont énormes avec les crues durant l'hiver. Les exploitations agricoles ont perdu des dizaines d'hectares de leurs terres se trouvant sur les rives de cet oued, cependant que les services de l'hydraulique font état de destruction de forages d'AEP. Le réseau routier dans la région n'est pas non plus épargné, pour ne citer que le pont de Bougie et l'ancien pont de Sidi Naâmane qui ont été emportés par les eaux après avoir été fragilisés par l'extraction du sable. Tout en tirant la sonnette d'alarme quant à l'ampleur de ce fléau, la direction de l'hydraulique de la wilaya de Tizi Ouzou fait état d'une soixantaine de P-V d'infraction établis ces trois dernières années, mais les dossiers traînent toujours au niveau de la justice.