– Quelle appréciation faites-vous de l'édition en langue amazighe ? Je dirai que la langue tamazight est en train de faire un grand pas vers son renforcement. A titre d'exemple, et rien qu'au niveau de notre institution, nous sommes arrivés à réaliser quelque 180 titres édités par le HCA, avec l'aide du ministère de la Culture. Il y a aussi des éditeurs privés qui ont mis le paquet, ce qui me fait croire que le livre amazigh a de très beaux jours devant lui. Autre chose, nous enregistrons avec satisfaction l'augmentation quasi-permanente du nombre de lecteurs du livre amazigh, et ce d'autant plus que ça intéresse toutes les catégories de la population. Ainsi, je dirai que nous sommes sur le bon chemin. Cependant, à charge pour nous de persévérer pour avancer encore avec la même cadence. Cela tout en souhaitant voir tamazight développée dans la communication comme ça s'est fait à l'école et dans le livre. Sur ce plan, nous demandons à nos élites de réfléchir pour éviter tout travail de bricolage pour assurer une bonne présence de tamazight dans les médias. – Pour mieux prévenir ce que vous appelez «bricolage», y a-t-il un plan de charge à votre niveau à même de permettre une introduction sereine de tamazight dans la communication ? Je crois humblement que dans ce cas là, nous n'avons pas le droit à l'erreur ni aux cachotteries. D'abord, tout notre effort doit être axé sur la formation, car c'est à l'école de nous fournir les futurs auteurs. L'enseignement de tamazight pourra bien être un exemple illustratif de cette marche prudente vers la promotion de notre langue. En 1995, nous avons commencé avec 245 enseignants, aujourd'hui nous dépassons les 1200. Je prends aussi l'exemple du département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou où la première année de son ouverture il n'y avait que 11 bacheliers alors qu'actuellement nous dépassons les 800. La meilleure est que nous avons des bacheliers de toutes les wilayas du pays. Nous avons une soixantaine de magistères et une dizaine de docteurs ; donc, il y a quand même quelque chose qui est en train de se faire et d'émerger pour, justement, assurer non seulement la continuité mais beaucoup plus la pérennité de l'accompagnement de cet effort de développement et de promotion. Mais, en dépit de tout ça, nous n'avons pas cessé de revendiquer la création d'une académie berbère, pour éviter justement les dérives et le bricolage. – Qu'en est-il de la prise en charge des enseignants de tamazight ? Il faudra d'abord que tout le monde sache que l'enseignement ne dépend pas du HCA. Il dépend du ministère de l'Education nationale. C'est au ministère de répondre aux questions inhérentes à l'enseignement et à la prise en charge des enseignants de tamazight. Concernant la communication, nous n'avons pas cessé au niveau du HCA de réclamer à l'Etat la création d'un journal édité par lui pour tamazight comme cela a été fait pour l'arabe et le français. Pour ce qui est des radios et de la télévision, nous avons débattu, il y a 15 jours de cela à Tizi Ouzou avec les responsables du secteur, où nous avons remis des recommandations à qui de droit.