La tauromachie est aussi frappée par la crise en Espagne, où seuls les grands toreros sauvent la corrida de l'estocade économique. La crise « affecte les petites corridas et plus généralement les plus fragiles », estime Luis Alvarez, agent du torero colombien Luis Bolivar. Pour autant, « les gens continuent de se rendre aux corridas importantes », à Madrid ou Bilbao, attirés par les grandes têtes d'affiche. Des toreros comme José Tomas, Sébastien Castella, Enrique Ponce ou Julian Lopez « El Juli » conservent leur pouvoir d'attraction, même si « certains, moins renommés, remarquent qu'ils ne remplissent plus les arènes comme avant ». Quelque « 30% des corridas des petites communes et de villages, où se produisent des toreros plus modestes ont disparu cette année », confie l'impresario français, Simon Casas, qui s'occupe des arènes françaises de Nîmes ou de celles d'Alicante en Espagne. Luis Alvarez estime à 400 le nombre de festivités annulées depuis le début de l'année, tandis que la région de Madrid n'a autorisé que 401 fêtes taurines depuis janvier dans 57 municipalités, soit 20% de moins qu'en 2008, en raison de la crise économique. Alors que la saison des fêtes patronales bat son plein en août et septembre, plusieurs villes ont annulé des festivités taurines ou réduit leur budget. A Pinto, près de Madrid, le conseil municipal a décidé de supprimer temporairement les spectacles. Cette décision a soulevé l'indignation des aficionados. œufs, tomates, bière ont souillé la façade de la mairie où l'enfant du pays, Alberto Contador, a célébré, le 27 juillet, sa victoire sur le Tour de France cycliste 2009. Le coût d'une corrida est très variable, selon le président de l'Association des éleveurs de taureaux de combat, Eduardo Martin Peñato. Il peut aller de 12 000 euros pour les plus modestes, à 180 000 euros minimum pour une course de la fameuse Feria de San Isidro à Madrid. A Cenicientos, village de 2000 âmes, la commune a réussi à maintenir ses quatre corridas en négociant avec l'organisateur un budget de 70 000 euros contre 120 000 l'an dernier. Soit le cachet d'El Juli pour une corrida. « C'est un spectacle très cher. Il faut savoir bien ajuster les choses. C'est pour cela que les négociations des cachets sont plus difficiles, mais dans de nombreux cas, elles ont permis de sauver les festivités », estime Luis Alvarez. Selon lui, de nombreux toreros « ne se rendent pas compte que pour maintenir leur cachet, ils doivent d'abord attirer les gens dans les arènes », comme José Tomas dont les corridas connaissent un succès fou. « Il gagne beaucoup d'argent, mais c'est le seul qui peut se targuer de remplir les arènes », explique-t-il, tout en prêchant pour plus de publicité et une recherche active de sponsors pour compenser la chute des ventes de places. La crise relative de la tauraumachie réjouit les anti-taurins, alors qu'une initiative législative populaire visant à interdire la corrida devrait être examinée d'ici la fin de l'année par le Parlement régionl catalan.