«La Constitution garantit la liberté de rassemblement et d'association ; toutefois, dans la pratique, le gouvernement restreint sévèrement l'exercice de ces droits», déplore Washington. Le constat établi par la diplomatie américaine est d'ailleurs d'actualité : ces restrictions ont considérablement affaibli les activités des partis politiques et, par la même, la capacité des citoyens à changer le gouvernement de manière pacifique à travers des élections ou autre. Ces entraves sont possibles de par l'état d'urgence, encore en vigueur en 2010, ainsi que par «un décret entré en vigueur en 2000», interdisant les manifestations à Alger. De même, des autorisations de rassemblement sont exigées avant la tenue de réunions publiques. «Ces permis sont rarement accordés par les autorités locales aux partis politiques, ONG et autres associations et, lorsqu'ils le sont, ils sont transmis à la veille de l'événement. Ce qui réduit l'impact d'annonce et de sensibilisation», peut-on lire dans le document. Le rapport, qui s'appuie sur divers témoignages d'incidents ayant égrené l'année écoulée, cite les répressions dont ont eu à souffrir, entre autres, la LADDH, SOS Disparus, le Snapap, les journalistes grévistes de la Radio, les enseignants contractuels ou encore des partis politiques. Pour ce qui est de la liberté d'association, le département d'Etat US déplore le fait qu'il revienne à l'appréciation du ministère de l'Intérieur seul l'agrément d'un quelconque nouveau parti ou ONG. «Le gouvernement bloque l'enregistrement de certaines ONG, associations et partis politiques pour des raisons de sécurité. Cependant, il refuse systématiquement de fournir la preuve ou la justification légale qui ont conduit au refus d'enregistrement d'organisations qui ne représentent pas une menace pour la sécurité», est-il estimé dans le document. Arsenal juridique pour museler la presse Et les dérives autocrates ne s'arrêtent pas là. Les entraves à la liberté d'expression et le musellement de la presse ont ainsi persisté en 2010. «Généralement, les Algériens pouvaient, en privé, être très critiques envers le gouvernement, et ce, sans représailles. Seulement, les citoyens s'autocensurent dès lors qu'il s'agit de le faire en public. Les autorités veillent ainsi à empêcher toute opinion contradictoire en contrôlant étroitement les meetings politiques», analyse le département d'Etat. Pour ce qui est des médias, le pouvoir s'est doté de tout un arsenal juridique, qui lui permet d'intimider, de censurer, de harceler, d'infliger des amendes et d'emprisonner quiconque émettrait des propos opposés aux discours officiels. Le département d'Etat n'est d'ailleurs pas à court d'exemples pour illustrer cet acharnement contre la presse indépendante. Riad K., le correspondant d'El Bilad à Chlef, Hafnaoui Ghoul, Omar Belhouchet, Chawki Amari, Salima Tlemçani, Anis Rahmani, entre autres, continuent à être les cibles de l'appareil répressif instauré par l'Etat afin de faire taire les voix discordantes, et ce en sus des pressions exercées par le gouvernement via la manne publicitaire de l'ANEP distribuée en fonction des orientations éditoriales des organes de presse. Les médias lourds, télévision et radios, sont toujours étatiques et assurent une couverture des événements et de l'actualité des plus favorables au gouvernement. Hors périodes électorales, les partis d'opposition n'ont aucun accès à ces médias. «Plusieurs partis ont affirmé que le temps d'apparition qui leur était imparti dans ces organes au cours de la campagne électorale de 2009 était la première fois qu'ils étaient autorisés à y avoir accès», est-il relaté dans le document.