Baptisée 21 Ouahed ou Achrine…Et de 21 pour un garnement de la peinture ! L'exposition de Jaoudet Gassouma n'est autre qu'un genre de synthèse de la célébration de ses 21 ans de carrière. Une carrière auréolée de recherches et de création infinie. Jaoudet Gassouma, dit Joe, pour «El habab » et les intimes, estime sur un ton ironique que le titre de son exposition coïncide avec la célébration des 21 années de sa carrière mais c'est également la moyenne d'âge de la population algérienne. Dans le catalogue de l'exposition, la critique d'art, Mordjana Chaouch, écrit : «Cette peinture difficile à situer s'échappe de nos jours et de nos angoisses universelles pour se réfugier dans les '' serouals testifa'' réconfortants de quelques grand-mères bienveillantes. L'artiste se plaît à guetter le temps qui passe pour fêter quelque vingt et une années de couleur, pour dire la vérité, c'est peut-être plus… mais le côté impair et manque du vingt et un semblait lui plaire, et puis un impair c'est sans nul doute cette 'erreur'' qui peut être permise par les autres.» Néologimes Cette exposition fortement colorée se décline sous la forme d'un florilège de couleurs chatoyantes et de traces parfois intrigantes. Se revendiquant du post-néo-pop-artiste, l'artiste livre des peintures et des dessins sur papier en couleur et en noir et blanc. La peinture de Jaoudet Gassouma peut se targuer d'être une peinture naïve. Une peinture se situant à mi- chemin entre la peinture de la regrettée Baya Mahieddine et Picasso. En effet, les tableaux exposés aux cimaises regorgent de personnages à la fois fantasmagoriques et déjantés aux allures très souvent extravagantes. Ces personnages étranges physiologiquement à la taille déformée renferment des non-dits dont seul l'artiste détient le secret. L'imagination débordante de Jaoudet Gassouma a, justement, donné naissance à des sujets exagérés, ployant dans un univers parsemé de signes et de formes géométriques. L'œil occupe une place de choix. Un hommage est rendu à la femme à travers des œuvres à l'acrylique sur papier baptisées «Papicha», «Mra», «Tessouira» ou encore «Maddama». L'artiste peintre propose dans sa panoplie étoffée des œuvres à fortes consonances à la fois africaines et méditerranéennes. Quelques tracés furtifs laissent deviner en filigrane les indices de civilisations égyptienne, africaine et berbère. En témoignent les œuvres Nigroo Harragoo, Jazaïr masr et Tamazight. Diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger en 1993, Jaoudet Gassouma est détenteur d'un magistère en art et communication en 2005. Hormis sa passion pour les arts plastiques, «Joe» est également décorateur, critique d'art et écrivain. Il a organisé pas moins d'une cinquantaine d'expositions aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Il a édité son premier roman, Zorna, en 2004, suivi d'un second, La Kabylie, au-delà des montagnes, des hommes, en 2011. Nacima Chabani.