C'est peut-être un tabou, mais pour l'industrie balnéaire, un été en plein Ramadhan est un tantinet compliqué à gérer. Aussi, les hôteliers et autres gérants de clubs de vacances rivalisent-ils d'ingéniosité pour maintenir une certaine clientèle vaille que vaille en se rabattant, notamment, sur l'animation le soir et en se rattrapant par d'autres produits que l'hébergement. La première des mesures prises par la majorité des hôteliers a été de revoir leurs tarifs à la baisse. « Nous avons baissé nos tarifs hébergement de 33% », nous déclare le directeur de l'hôtel « Les Sables d'or » de Zéralda. La chambre single y est ainsi louée à 2600 DA, et à 4600 DA avec f'tour et s'hour, tandis que le tarif de la double est de 3800 DA (6700 DA, f'tour et s'hour inclus). En haute saison, les prix dans cet établissement commencent à 4000 DA pour une single, sans pension, et 5700 DA pour une double, toujours au tarif de base. En dépit de cette mesure incitative, l'hôtel est quasiment désert. « Nous avons 25 chambres d'occupées sur 110, ce qui est déjà un bon chiffre. Chez certains concurrents, c'est encore pire », dit le DG de l'hôtel « Les Sables d'or », avant de souligner : « Cette année sera pour nous une année témoin dans la mesure où pour les neuf années à venir ça va être la même situation, avec un Ramadhan survenant durant la haute saison. Jusqu'à présent, nous n'avons pas de référence pour ce genre de cas. » Les staffs des hôtels touristiques font donc ce qu'ils peuvent pour combler le manque à gagner. « Nous misons sur l'animation avec des formules adaptées à notre standing », explique notre hôte, avant de détailler : « Nous avons choisi de cibler les familles. Je respecte le raï mais, au niveau des Sables d'or, nous avons opté pour le style chaâbi, hawzi et andalou, avec des "qaâdate" à l'ancienne. Nous proposons par ailleurs un spectacle de magie ainsi que des défilés de mode, le tout, à des tarifs très abordables. » Les tarifs varient entre 700 et 900 DA, indique notre interlocuteur qui avoue que la formule a mis du temps à prendre. « Le premier soir, nous avons fait zéro couvert », confie-t-il. « Mais il fallait tenir le coup, et maintenant, les choses commencent à bouger. Pour nous, c'est un challenge. » Si les étés ramadhanesques demeurent aussi moribonds et l'offre de l'industrie touristique peu originale, certains observateurs du marché balnéaire redoutent qu'il n'y ait davantage de rush sur la Tunisie, notamment de la part d'une catégorie de clients en quête de Ramadhan plus « tolérant » conciliant sans complexe « syam » et farniente, et ce, au détriment de l'infrastructure nationale. A moins que tout le monde ne bénéficie d'un badge « Club des Pins »…