Le problème du manque de médecins spécialistes au niveau des établissements de santé de la wilaya de Bouira se pose avec acuité. Les doléances exprimées par la population des localités rurales, appelant les pouvoirs publics à améliorer la qualité des soins, sont restées sans suite. Les insuffisances sont importantes, notamment au niveau des centres de soins situés en milieu rural, où l'accès aux soins est parfois inexistant. Les exemples sont légion. Plusieurs salles de soins ont été fermées. D'autres structures fonctionnent avec un personnel réduit. Les polycliniques n'arrivent pas à assurer, et surtout à garantir, des soins de qualité aux patients qui se trouvent obligés de se déplacer vers les hôpitaux publics ou des structures relevant du secteur privé situées au chef-lieu de wilaya. Les autorités sanitaires du pays ont, dans le but de combler ce déficit, exigé du personnel spécialisé mobilisé au niveau des établissements hospitaliers publics (EPH), d'assurer des consultations au niveau des polycliniques. «Les médecins spécialistes qui ne peuvent pas être affectés au niveau des polycliniques assurent quand même des consultations médicales», a indiqué la directrice de la santé publique (DSP) de la wilaya de Bouira. La responsable, qui a reconnu au passage le déficit en matière de médecins spécialistes, notamment en gynécologie et radiologie, a souligné que l'externalisation des consultations au niveau des polycliniques de la wilaya a sensiblement augmenté ces deux dernières années. En effet, le nombre de consultations médicales spécialisées qui était de 65 193 au premier trimestre de l'année passée, a atteint les 70 513 cette année, soit une augmentation de 5320 consultations spécialisées, a précisé la DSP, qui a rappelé aussi que le personnel médical mobilisé a été aussi doublé. «Nous avons mobilisé quelque 295 médecins spécialistes pour une trentaine de spécialités, qui ont assuré des consultations au niveau de 27 polycliniques de la wilaya», a-t-elle ajouté. La wilaya de Bouira englobe 34 polycliniques réparties sur une vingtaine de communes. La même responsable indique également que des conventions ont été signées entre le secteur public et le privé, et ce, dans le but de combler le déficit auquel fait face le service de gynécologie au niveau des hôpitaux de Bouira. Notre interlocutrice a précisé que 22 gynécologues privés ont assuré des permanences médicales durant la saison estivale de l'année en cours. «Cette convention nous a permis de réduire le taux de mortalité de 50% durant cette période», a-t-elle dit. S'agissant des transferts et des évacuations des malades depuis les EPH de la wilaya vers les centres hospitalo-universitaires (CHU) des wilayas du centre du pays, la directrice de la santé a rappelé que cette mission est à la charge du secteur. «Le patient a parfois besoin d'une prise en charge multidisciplinaire, ce qui nécessite donc son évacuation vers d'autres centres hospitaliers», a par ailleurs affirmé notre interlocutrice. Néanmoins, c'est le retard accusé dans la livraison de quelques établissements pouvant atténuer un tant soit peu les souffrances des populations des zones rurales qui pose aussi problème. Dans la commune d'Ath Lakser, au sud-ouest du chef-lieu de wilaya, des villageois ont toujours exprimé leur colère quant au problème du manque d'équipements auquel fait face l'unité de soins. En plus de ces retards, le nouveau service des urgences de l'EPH des deux Frères Yahiaoui de la ville de Sour El Ghozlane n'est pas encore réceptionné en raison du déficit en équipements. «La réception, et surtout l'acquisition, du matériel médical interviendra d'ici quelques semaines», a conclu la DSP.