Les khaïmate du Ramadhan démontées, il ne reste rien. Si. Le chapiteau du stade olympique d'Alger, qui a abrité la Médina et qui a été récupéré de «Tlemcen, capitale islamique», est resté. Pour quelque temps, ou pour un provisoire qui dure. Mais pourquoi des tentes et des chapiteaux ? Un architecte, dont la fonction est de construire en «dur», explique cette mode des khaïmates, tentes et autres installations volantes par une mentalité de cirque, sans vision à long terme. On monte, on démonte, rapidement, comme des nomades sans futur et on passe à autre chose sans rien laisser derrière. Effectivement, avec l'argent dépensé dans des festivités comme à Tlemcen, on aurait pu laisser un théâtre, un cinéma multiplex ou une salle de spectacle. D'autant qu'un énorme chapiteau comme celui de la Médina de Ben Aknoun coûte autant qu'une vraie construction. Mais l'avantage d'une tente est de pouvoir la déplacer et donc ne pas avoir à gérer ce qu'il y a derrière, personnel et propriété, foncier et charges. Ce qui explique cette frénésie des tentes, faciles à poser, rapides à démonter pour filer sans regarder derrière, en lieu et place de vraies constructions qui vont poser beaucoup plus de problèmes de gestion qu'apporter des solutions à la déculturation générale. C'est comme un méchoui, c'est bon, mais une fois avalé il ne reste que des os, biodégradables, qui disparaissent. En dehors de la dure condition du mouton, qui sert à sceller des alliances opaques sur son dos, on pourrait se poser la question : avec les budgets faramineux de la culture, qu'a-t-on laissé après les grandes réjouissances culinaires ? Un demi-musée, deux cinémas et trois salles de spectacle. Un peu léger comme bilan. Le Ramadhan est terminé, les tentes ont été démontées. Résultat, si l'on peut à nouveau manger, on s'ennuie autant qu'avant. Heureusement qu'il y a le complot juif pour nous distraire.