-C'est la première fois que vous venez en Algérie. Vous n'avez pas hésité à accepter l'invitation… Je ne suis pas du genre à me faire prier. On m'invite, j'accepte. Et je suis capable de faire deux concerts en une soirée s'il le faut. Cela a été le cas en Tunisie et aux Etats-Unis. -Vous êtes originaire de Sao Vicente, une île du Cap-Vert où il existe un formidable brassage culturel. Quelle est la place accordée à la musique là-bas ? Nous n'avons pas grand-chose en matière de richesses et de culture. La musique est ce qu'on a de plus important. -On vous surnomme «la diva aux pieds nus». D'où vous vient cette habitude de chanter sans chaussures ? C'est une chose naturelle pour moi. Je n'ai jamais aimé les chaussures. -Vous êtes une femme pleine de joie de vivre. Comment se fait-il que vos chansons soient empreintes de tristesse ? Mes chansons paraissent tristes, mais elles ne le sont pas. Ce sont des thèmes de joie et d'amour que je chante. Cela n'est pas triste tout le temps, en tout cas. -Votre carrière a pris un nouvel essor après votre rencontre à Lisbonne avec le producteur José Da Silva en 1987… J'étais là pour un concert, et lui en vacances en famille. Il m'a invitée à chanter en France et tout a démarré de là. -Pour Sao vicente di longe, votre huitième album, vous avez enregistré à Paris, La Havane, Rio de Janeiro, avec une soixantaine de musiciens et arrangeurs. Les mélanges culturels sont-ils indispensables à votre musique ? Oui, le mixage est très important. L'intention était justement de fusionner avec d'autres genres musicaux. -Vous avez parcouru plusieurs continents. Quelles ont été vos escales préférées et votre meilleur public ? J'ai eu un très bon public partout où j'ai été, particulièrement en France, parce que c'est là que j'ai vraiment démarré ma carrière et que j'ai le plus chanté. -Et le Cap-Vert dans tout cela ? J'y vis quand je ne suis pas en concert. Et comme je fais en moyenne 170 concerts par an, je n'y passe pas autant de temps que je le souhaiterais. -Quel est l'instrument de musique traditionnel type du Cap-Vert ? Le Cap-Vert est un pays jeune et la base de notre musique est le «quhavaquiniho», une guitare à quatre cordes. A l'origine, c'était un instrument brésilien, mais il a été modifié. Il a un son très particulier et c'est lui qui marque le côté langoureux de la mornas. -Et quel est votre sentiment par rapport à ce concert ? Eh bien, je suis là ! Pour moi, ce concert est une porte qui s'ouvre…
(*) L'entretien a été réalisé par notre consœur Zineb Merzouk le 19 avril 2005