Les habitants des villages Labraret et Bouâfia, situés à environ 10 km au sud-est du chef-lieu de la commune de Dellys vivent dans l'isolement total. Ces villages comptent parmi les agglomérations les plus éloignées de Dellys. Les habitants souffrent de multiples problèmes qui transforment leur vie en un véritable calvaire. Le manque de transport public et scolaire rend difficile le déplacement des villageois, ce qui pénalise particulièrement les collégiens et les lycéens qui sont scolarisés au niveau des établissements du chef-lieu de daïra de Dellys. Ces élèves doivent par conséquent effectuer un trajet de 3 km chaque matin pour attendre les transporteurs venant de la commune voisine d'Afir sur la route nationale. L'attente est souvent très longue. « Les autorités opposent la sourde oreille à nos doléances. Plus d'une dizaine de fourgons desservent Sidi Elmedjni, situé dans la périphérie immédiate du chef-lieu de la commune et il n'y a presque aucun transporteur assurant en permanence la desserte de notre village », déclare Omar, un habitant de Labraret. Les habitants soulèvent aussi des problèmes liés à l'absence d'infrastructures publiques. La seule école primaire dont dispose ce village nécessite une rénovation. Elle est vieille et elle a été endommagée par le séisme de 2003. On se plaint également du manque chronique d'eau potable. Ici les villageois continuent de s'approvisionner à partir des fontaines avec tous les risques qui pèsent sur leur santé vu que l'eau n'est pas traitée, encore moins contrôlée. Les habitants dénoncent également le déficit en matière d'infrastructures sanitaires. Les travaux de réalisation d'une salle de soins dont a bénéficié la localité sont toujours à l'arrêt. En plus de ces problèmes, les habitants de Labraret, en particulièrement la frange juvénile, souffrent de l'absence de lieux de loisirs et de détente. L'état du stade s'est dégradé. Il est boueux en hiver et poussiéreux en été. Le chômage lamine les jeunes du village. Le seul endroit où ils peuvent « tuer le temps » est la caféteria du village. « On pourrait travailler la terre si l'Etat nous soutenait. Les sangliers font des ravages dans nos jardins ; ils s'approchent même des habitations. Nous n'avons aucun moyen pour travailler ici », a nous disent les jeunes du village. Malgré la rudesse de l'hiver dans cette région, le village n'est pas alimenté en gaz de ville. Pis il connaît des crises de gaz butane durant l'hiver. Pourtant ce village, comme Benamara et El Kimya, se trouvent à quelques kilomètres seulement de la nouvelle ville, qui est alimentée en gaz naturel depuis des années. Par ailleurs le problème de l'extension du réseau d'assainissement cause de sérieux désagréments pour les habitants. Car la majorité des habitations n'y est pas raccordée. Ce qui fait planer la menace de pollution. Surtout que l'on s'alimente en eau à partir des sources et que l'on travaille un peu la terre. La démission de l'Etat et la défaillance des politiques de prise en charge et d'assistance aux populations paysannes font fuir les villages. L'exode s'accentue et Lebraret menace de se vider de ses habitants.