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La morale et l'éthique
Publié dans El Watan le 14 - 10 - 2009

« La liberté c'est la culpabilité, parce qu'elle apporte avec elle la connaissance de l'absence de liberté. On pourrait dire aussi : la liberté c'est la conscience, donc la responsabilité ». (Bryten Breytenbach, écrivain sud-africain)
Nous assistons à des dérives éthiques de la part de certains « journalistes » et surtout de quelques titres de presse que rien ne semble arrêter pour augmenter les tirages. Ces derniers puisent leurs titres dans « le triangle gagnant », c'est-à-dire : le sexe, la religion et l'identité. Comme nous le savons tous, ces problématiques attirent l'attention des lecteurs algériens, car non encore résolus dans notre société et puisque les pouvoirs politiques les manipulent à des fins assez connues, je ne veux pas les étaler ici. Il est de leur droit de traiter les sujets ou les thèmes soulignés plus hauts, mais ont-ils le droit d'accuser, de juger, de tenir des propos racistes, de créer la zizanie entre les diversités ethniques et culturelles existant dans notre société et d'imposer leur morale à toute la société ? Quand un journaliste prêche dans ses articles, parle « des jaunes » pour désigner les asiatiques, associe les émigrants d'Afrique et d'autres continents aux criminels, cela n'est que le baromètre d'un métier en manque de crédibilité ! Il me semble que ces journalistes confondent entre rapporter une information et donner une opinion. Notre université forme-t-elle des journalistes ou des militants endoctrinés ? « La faculté (algérienne) forme n'importe quoi, tout sauf des journalistes ! », a déclaré Brahim Brahimi (1). Pour certains observateurs, plusieurs facteurs expliquent ce faible niveau :
Les places pédagogiques sont surchargées : 8 108 étudiants du département occupent des espaces pédagogiques prévus pour 630 ; 1400 étudiants par amphithéâtre pour une capacité de 150 places :
Les responsables de ce secteur ont adopté le monolinguisme (langue arabe) pour la formation des journalistes ;
le programme enseigné date des années quatre-vingts et quatre-vingt dix, il ne correspond donc plus aux normes et aux contenus enseignés dans les facultés du monde ;
les étudiants n'ont pas la capacité de traiter l'information d'un point de vue professionnel car ils sont dénués d'esprit critique. Cela est dû à la faiblesse de l'enseignement de la philosophie et à l'appauvrissement linguistique. Car la philosophie est un « art de la réflexion », un « exercice de l'esprit critique » et une « initiation à l'argumentation ». Selon la tradition républicaine, la philosophie serait par excellence cette « discipline de la méthode » dont l'idéal serait que chacun puisse un jour parvenir à « penser par lui-même » (2). Selon Redouane Boudjemaâ, enseignant à la faculté des sciences politiques et de l'information « l'Algérie ne veut pas former des journalistes » (cela peut s'étendre à la formation de l'ensemble de l'élite algérienne). « On veut, poursuit-il, former des sujets obéissants, pas même des citoyens obéissants, des sujets qui ne réfléchissent pas et qui ne posent pas de questions ». Pourtant, « la profession de journaliste », selon Edwy Plenel (3), « existe parce que la démocratie a besoin de vérités factuelles, c'est-à-dire d'information fiable. Comment voter, choisir, militer, s'engager, etc., si l'on n'est pas informé de façon indépendante et pluraliste ? Si l'on pense que le journalisme, c'est d'abord l'opinion, le jugement, le point de vue, le commentaire, l'éditorial, la chronique, se trompe. Tout cela relève de la liberté d'expression et d'opinion, un droit qui appartient à tous les citoyens et qui n 'est en aucun cas notre privilège. Le journaliste peut l'exercer avec plus ou moins de talent. Il doit même l'exercer, mais comme citoyen par ailleurs journaliste ».
Malheureusemeut, ces dérives s'étendent aux secteurs médicaux, juridiques, ... Des zélés sont endoctrinés par une pensée unique loin de l'esprit scieutifique. Si l'école algérienne a réussi à former des compétences capables de manipuler les nouvelles technologies, elle n'a cependant pas réussi à former un homme cultivé, capable de « se » penser et de penser sa société. Un homme cultivé est actif : lorsqu'il lit, regarde, écoute, son esprit « travaille » ; il déchiffre chaque fois un texte, un langage ; il trouve plaisir et intérêt à tout changement, etc. Cependant, l'esprit d'un homme inculte reste inactif ; il s'ennuie, il ne produit rien qui vaille. Quand un médecin refuse de soigner quelqu'un sous prétexte religieux, cela constitue une faute grave. Quand un psychologue fait du prosélytisme religieux au cours de ses entretiens, cela est une manipulation psychologique qui n'a rien à voir avec le métier de psychologue qui est censé être à l'écoute de son patient, sans jugement, sans arrière-pensée pour l'aider à se construire et se connaître.
Lorsqu'un magistrat juge selon « sa vérité » et non pas selon les lois de la République, on peut alors se demander à quoi ces lois votées servent-elles ? Les exemples ne manquent pas. Quand un journaliste, un psychologue, un médecin, analysent un évènement, un phénomène, ..., ils font appelle à leur conscience. Celle-ci est un produit purement subjectif de l'individu. Selon l'école psychanalytique, la conscience prend naissance par le processus d'introjection (4) opéré par l'entourage familial et par la création de l'idéal-ego. Ce dernier ne serait pas seulement la norme subjective de la moralité mais, pour Freud et la plupart des psychanalystes, c'est la seule norme. Cependant, selon Gustave Le Bon, : « la vie d'un peuple, ses institutions, ses croyances et ses arts ne sont que la trame visible de son âme invisible et chaque peuple possède une constitution mentale aussi fixe que ses caractères anatomiques » (5).
Le lien entre les formations techniques et les activités économiques s'établit clairement. Il n'en est pas de même en ce qui concerne les sciences humaines dont les résultats constituent les fondements de l'innovation et de l'harmonie sociale. Nul ne conteste la néccssité pour tous de disposer d'une culture générale et de principes éthiques. Certes, les avancées de la philosophie et de la sociologie sont indispensables à la vie économique et sociale. Ces domaines nourrissent les débats politiqnes, éclairent la diplomatie, favorisent la compréhension entres les peuples, développent le sens critique et celui de la responsabilité. Cependant, il me semble que l' opinion publique et les décideurs politiques n'établissent pas aisément le lien entre ces vertus et une formation de qualité en sciences humaines (et c'est aussi valable pour la recherche en ce domaine) (6).
Comme nous l'avons souligné plus haut, cela est le signe de la défaillance de l'enseignement en Algérie. Le handicap de l'école algérienne ne se trouve pas uniquement en l'utilisation d'une langue unique, ni en la pédagogie d'enseignement, ni en la construction des bâtiments, mais il lui manque l'essentiel, c'est-à-dire son âme. Les programmes scolaires et universitaires doivent en urgence être révisés par des spécialistes, pour préparer des citoyens qui réfléchissent à l'essor de leur pays et qui ne soient pas des sujets obéissants.
Note de renvois :
1) Cf. EI-Watan 01 mai 2009.
2) Cf. L'Algérie en attente, édition Edilivre 2009. P. 139.
3) Faut-il croire les journalistes ? Cf. Marianne N° 648.
4) Processus qui consiste à trasporter sur un mode fantasmatique les objets extérieurs et leurs qualités inhérentes dans les différentes instances de l'appareil psychique.
5) Cf. La Psychologie des foules, cité in La défaite de la pensée, Alain F. p. 58.
6) Idem note 2, p. 134.
Y. H. est l'auteur d'un essai « L'Algérie en attente » aux éditions Edilivre, Paris 2009 - [email protected]


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