Il y a 48 ans jour pour jour, la police de Maurice Papon mettait fin dans le sang à la manifestation pacifique de près de 30 000 Algériens sur le pont Saint Michel, à Paris. Un événement longtemps occulté par la France, qui aurait pu rester dans l'ombre sans les rappels incessants des « porteurs de valises » et d'associations. En 2009, elles sont près d'une soixantaine à appeler à un rassemblement sur les lieux mêmes où périrent, tabassés et noyés, plusieurs dizaines d'Algériens. « Ce sont des morts qui n'existent toujours pas ; officiellement, Papon n'a reconnu que deux décès, tous les autres sont toujours portés disparus », explique Mouloud Aounit, président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). Pour ce 14e rassemblement officiel, les associations lanceront des gerbes de fleurs à la Seine « dans les eaux glacées où les Algériens ont été jetés, afin de leur rendre hommage, voire pour certains d'honorer un proche disparu », poursuit M. Aounit. « La vérité et la justice sur la nuit du 17 octobre, ce ne sont pas un combat du passé, mais un enjeu du présent », pour le président du MRAP, qui souligne que la stèle apposée sur le pont Saint Michel est « la plus détruite » de Paris. Cette commémoration est un moyen de « lutter contre la négation de cette „ratonnade d'Etat” à l'encontre d'Algériens qui manifestaient pacifiquement contre un couvre-feu raciste », assure Mouloud Aounit. Le rassemblement se tiendra cet après-midi, à partir de 17h, sur le pont Saint-Michel.