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Quand votre virginité devient l'affaire de la police
Publié dans El Watan le 12 - 04 - 2013

«Elles étaient terrorisées. Choquées d'avoir été interpellées par les forces de l'ordre et de devoir passer ce type d'examen !» Un gynécologue de garde dans un hôpital de l'est algérois s'avoue lui-même sidéré : les cas d'examens de virginité à la demande des agents de police se multiplient. Dans ce cas, l'absence des parents des deux mineures, manifestement paniquées, alerte les médecins. Les jeunes filles assurent qu'elles n'ont subi aucun viol et précisent qu'elles rentraient simplement d'une soirée d'anniversaire. «Ce type d'examen se fait, d'habitude en présence de la mère, dans des cas de viol», explique le médecin. A la sortie de la salle d'examen, un des policiers se présente pour obtenir résultat, que la loi impose de remettre dans une enveloppe cachetée, d'un vulgaire «Wech ?».
Devant l'incrédulité du médecin, le policier poursuit : «Il faut bien que je sache quoi écrire sur le PV !». Cette fois-ci les forces de l'ordre ne s'étaient pas contentées de l'habituel «Familtek ?» ou encore «Tkoulek?» adressé au conducteur exclusivement, pudeur oblige, afin de connaître la nature de la relation qui lie hommes et femmes à bord d'un véhicule à une heure tardive. Cette semaine encore, d'après le groupe Facebook «Algerie fait», trois jeunes filles de 18 à 20 ans auraient «été soumises à des tests de virginité par les autorités, après avoir été interpelées pendant un pique-nique à El Mridj (Constantine) ». Interpellée par El Watan Week-End, la Direction générale de sureté nationale (DGSN) est catégorique. Dans un communiqué envoyé à la rédaction, elle précise que cinq personnes se trouvaient à bord du véhicule contrôlé le 6 mars dernier à 1h05 du matin et qu'un examen a bien été pratiqué que sur les deux jeunes filles mineures. Une troisième jeune fille, majeure au moment des faits, n'a pas été inquiétée.
Gynecologue
Selon le communiqué rédigé par la cellule de communication, l'une des deux mineurs avait fugué de son domicile et était recherchée par sa famille. Ses parents ont d'ailleurs déposé plainte contre les deux jeunes hommes qui l'accompagnaient. Et il n'a été procédé à la vérification de leur virginité sur demande des parents et après accord du procureur de la république. Le tribunal de Chéraga a ouvert un dossier dès le lendemain pour «incitation à la débauche». Joint par téléphone, le médecin qui a ausculté la jeune femme conteste. «Absolument pas sur demande des parents. Ils n'étaient pas là!» Pour lui, la première aberration réside dans le fait de réquisitionner un gynécologue : la pratique est permise par la loi en l'absence du médecin légiste, mais ne repose sur aucune compétence puisque le gynécologue n'est pas capable de «décrire des ecchymoses ou déterminer l'heure à laquelle un viol se serait produit».
Ce médecin a procédé plusieurs fois à des examens de ce type, y comprit sur des majeures. Il se souvient d'une femme divorcée qui avait subi cet examen après avoir déposé plainte contre son conjoint pour coups et blessure : «Elle disait ne pas comprendre pourquoi elle subissait ça, alors que celui qui l'a frappé était déjà en liberté». Plusieurs autres médecins gynécologues confirment que des examens leur ont été demandés plusieurs fois. S., gynécologue d'Alger, confie avoir déjà procédé à un examen similaire deux fois en près de deux ans tandis que sa collègue dit l'avoir réalisé cinq fois en un an et demi.
Délit
En réalité, aucune loi ne permet de procéder à ce genre d'examen. «Eventuellement en cas de viol, mais uniquement si la jeune fille dépose plainte et donne son accord», explique une avocate qui a requit l'anonymat. «Ce type d'examen constitue une atteinte à la liberté individuelle. Qu'est-ce que la virginité a à voir avec un crime ou une infraction ? Constitue-elle un élément essentiel de l'infraction ?», s'indigne l'avocate. Les juristes sont formels : seul peut-être considéré comme atteinte à la pudeur un acte particulièrement explicite. Le constat doit se faire en flagrant délit et même dans ce cas, la virginité ne prouve rien. Intriguée, l'avocate a interrogé des membres de la Sûreté nationale qui lui ont assuré qu'aucune instruction n'avait été donnée dans ce sens. Ceux-ci ont tout de même admis qu'ils étaient encouragés à être plus sévères à l'égard des couples, dans le but de décourager les comportements «dévergondés». Mais les forces de police n'ont aucun moyen concret de sévir puisque «demander si les membres du couple sont parents ne mène à rien. Il n'y a aucune infraction. Il n'y a aucune loi qui dit qu'une femme n'a pas le droit de sortir le soir, y compris avec un homme», insiste l'avocate.
Violeur
Ces examens ne sont pas non plus légitimés par des enquêtes portant sur un réseau de prostitution ou de proxénétisme. «En quoi cette information peut leur être utile ? Si la fille n'est pas vierge, ça ne sera pas la première à ne plus l'être et ne prouve rien». Pour maître Y.C.B., aucune enquête ne nécessite ce genre d'examen. Interpellé par un journaliste, fin mars dernier, le ministre de l'intérieur Daho Ould Kablia a affirmé: «Pour cette mesure est tout à fait illégale, inconvenante et inacceptable». Nassera Merah, sociologue et militante féministe, n'est pas étonnée. «Il n'est question ici ni de loi, ni de mesure spéciale, mais des pratiques abusives de la part des forces de l'ordre». Pour elle, le problème est plus grave. «Dans des affaires de viol, on considère que les femmes sont responsables de ce qui leur arrive, y compris les mineures. Souvent les peines sont plus lourdes si la fille était vierge au moment du viol et dans ces cas-là, on considère que le violeur a touché à l'honneur de la famille ! C'est encore le patriarcat que l'on protège», fulmine-t-elle.
«On se soucie de l'honneur de la famille et on se fiche de la fille», renchérit-t-elle en évoquant des cas de viols et inceste sur mineurs. «Au cours d'un procès, un père racontait que sa fille de 12 ans l'avait aguiché et le juge a grondé la fillette», raconte-t-elle, excédée. Quand ce ne sont pas les familles qui étouffent l'affaire et préfèrent s'arranger à l'amiable, parfois en obligeant le violeur à épouser la victime, bien qu'aucune loi ne le permette, les personnalités religieuses donnent un avis contestable. Ainsi, Cheikh Chems Eddine, imam et animateur à Ennahar TV, a créé la polémique la semaine dernière au lendemain de ses déclarations sur les ondes de la radio nationale. Alors qu'on lui présentait le cas d'un homme de 37 ans, se disant «amoureux» d'une fillette de 12 ans, Cheikh Chems Eddine a défendu ce type de relations, à condition que les intentions soient «nobles» par plusieurs arguments tels que l'immaturité émotionnelle, le manque d'affection et en rappelant que ce type de mariage se faisaient dans le passé. De quoi indigner les associations de protections de l'enfance.


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