La paralysie de la plupart des établissements sanitaires et hospitaliers, conséquence de la grève enclenchée par les syndicats autonomes de la santé, a engendré le report ou l'annulation des rendez-vous de consultation ou, dans certains cas, le report des interventions chirurgicales. Assurer le service minimum ne tient finalement qu'à la conscience des praticiens. Même si la loi régissant les relations de travail et les conflits sociaux prévoit des dispositions pour l'organisation du service public et sa continuité en cas de grève, force est de constater que le service minimum dépend uniquement de la bonne volonté des médecins et autres travailleurs intervenant dans le service. Comme constaté durant tous les mouvements de protestation organisés par les médecins ou autres catégories professionnelles du secteur, le maintien de l'activité est perçu différemment. Ainsi, dans certains centres de soins, médecins et infirmiers ont veillé à assurer un service minimum durant leur débrayage, continuant à donner les soins d'urgence, les injections, le changement de pansements pour les opérés, la prise en charge des bébés, des personnes âgées et des femmes sur le point d'accoucher. Les syndicats ont même rappelé à leurs adhérents l'obligation de veiller au respect de la disposition de l'article 38 de la loi 90-02 qui définit les activités à assurer pendant le débrayage à titre de service minimum. Ce n'est pas le cas pour tous les services. Ainsi, au niveau du Centre Pierre et Marie Curie, c'est la «confusion générale». Des malades ont vu leurs rendez-vous de chimiothérapie reportés «à une date ultérieure». Report des séances de chimiothérapie et de radiothérapie Au niveau du service radiologie du même établissement, tous les rendez-vous sont reportés, indique l'agent chargé de l'accueil au niveau de la réception. «En raison de la grève, les séances de radiothérapie ne sont pas assurées», explique le même fonctionnaire qui invite les patients à s'informer auprès de leurs médecins traitants. Au niveau du service chimiothérapie, c'est la même réponse. «Les malades dont les noms sont retenus pour les séances sont triés selon l'urgence», explique-t-on au niveau de ce service. Au secrétariat, il est indiqué que «c'est le médecin traitant qui fixe les cas d'urgence et le calendrier des séances reportées». L'association El Amel d'aide aux cancéreux dénonce «l'anarchie accompagnant la grève». Selon un membre de cette association, les séances «sont tout simplement annulées du moment qu'aucune date n'est fixée après le report des séances prévues pour ces jours de grève». L'association rappelle que les malades cancéreux sont déjà pénalisés par le retard pris dans la prise en charge en radiothérapie et en chimiothérapie. «Ce débrayage a accentué ce retard qui pénalisera encore plus le malade dont le traitement est perturbé», ajoute-t-on au niveau de cette association. Du côté des syndicats autonomes, les médecins affirment que c'est au ministère de tutelle d'organiser le service minimum en appliquant les dispositions de la loi. Or, selon le docteur Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), la loi est transgressée par le ministère de la Santé qui n'a pas procédé à la convocation des syndicats protestataires après le dépôt du préavis de grève. La loi oblige l'employeur à arrêter, avec le syndicat, les mécanismes d'organisation du service minimum de façon à assurer le maintien des activités dans les services des urgences, de chirurgie et de cancérologie. Selon les syndicalistes, depuis le début du conflit dans le secteur, ce sont les syndicats qui organisent unilatéralement ce service minimum en assurant la présence sur les lieux et la prise en charge des cas urgents, c'est-à-dire ceux dont le traitement ne peut pas être reporté ou dont le report risque d'empirer leur état.