Ce sont des artistes algériens outrés et choqués qui se sont déplacés à la rédaction d'El Watan, hier après-midi. Ils sont venus dénoncer, de vive voix, l'hostilité ambiante et le lynchage médiatique de certains artistes et intellectuels égyptiens à l'endroit de tout ce qui représente et symbolise l'Algérie. Les réalisateurs Lamine Merbah, Mehdaoui Saïd, Lakhal Larbi, Rahim Laloui, le chanteur Sadek Djemaoui, les acteurs Chelouche Abdenour et Abdelbacet Benkhelifa, l'artiste-peintre Djamel Merbah ou encore le journaliste et artiste, Bouaroua Abdelhafid décrient ce climat « inquisiteur savamment instillé » contre les Algériens, surtout sur les chaînes satellitaires Nile Sport, Dream TV et El Hayat. Alors que ce n'est qu'un match de football opposant l'Algérie à l'Egypte et que le fair-play devrait prévaloir. Le cinéaste Lamine Merbah déclare : « Nous sommes venus exprimer notre position de principe à ce climat hostile. Rappeler que l'Egypte a soutenu l'Algérie (durant la Révolution de 1954) et nous (Algériens) le lui avons bien rendu en 1967 et 1973 ( conflit contre Israël). Les Algériens se sont battus pour la défense du peuple égyptien. Et là, on assiste à un véritable dérapage du domaine sportif, football, à celui politique... » Mehdaoui Saïd, réalisateur : « On condamne cette violence. C'est un appel aux artistes égyptiens à ne pas entrer dans ce jeu malsain et rester dans leur véritable rôle... » Le comédien Chellouche Abdenour s'inscrit en faux quant à cet état de fait en rappelant que « les artistes égyptiens sont reçus comme des stars en Algérie. Alors que les nôtres sont méprisés. C'est pour vous dire qu'il y a déséquilibre... Cette haine de tout ce qui est algérien crée un fossé entre les deux pays ». Sadek Djemaoui, le chanteur du fameux groupe El Bahara (l'hymne footballistique Djibouha ya louled) déplore cette situation : « Ce qui est désolant, c'est l'ingratitude. Et puis, ce comportement aussi bas. En fait, le pouvoir égyptien veut une victoire pour occulter les vrais maux sociaux. J'aimerais qu'il montre cette hargne quand Ghaza a été attaquée. » Lakhal Larbi, réalisateur, insistera sur la « politisation » du football et le discours de haine : « Le football est sorti de son contexte vers la politique. Pourquoi l'Egypte s'acharne-t-elle contre l'Algérie et les symboles de l'Etat algérien... En tant qu'artiste, je dénonce cela... » Le réalisateur Rahim Laloui exhortera la fraternité et le fair-play : « En 1990, on avait supporté l'équipe nationale d'Egypte, au Mondial d'Italie... » Un climat délétère et vicié qu'il faudra dépassionner par la raison et le fair-play : Shoot the ball not the artists ! (Tirez le ballon mais pas sur les artistes !)