Il faut des garanties pour une élection libre et transparente.» A moins de six mois de l'élection présidentielle, prévue initialement pour avril 2014, plusieurs partis, sans s'engager officiellement dans la course au palais d'El Mouradia, posent la sempiternelle problématique de la transparence des scrutins. Ils se mettent, pour la première fois, d'accord sur la nécessité de mettre en place les conditions idoines pour lutter contre la fraude. Toutes tendances confondues, des partis s'inscrivant dans l'opposition multiplient les contacts, depuis l'été dernier, pour accorder leurs violons afin d'exiger, d'une même voix, «un minimum de garanties» pour la prochaine joute électorale. Le dernier à avoir relevé cette nécessité est l'ancien président du RCD, Saïd Sadi. «Le vrai débat n'est pas dans la participation aux prochaines élections, mais dans la réunion des conditions de la tenue d'un scrutin transparent. On ne peut pas prendre part à un match où l'arbitre fait partie de l'équipe adverse», a-t-il lancé lors de son intervention, avant-hier, devant les participants à l'université d'été des jeunes du RCD. Saïd Sadi, qui n'a pas cessé d'exiger «une surveillance internationale massive» des élections, emboîte ainsi le pas aux responsables de son parti qui ont rendu publiques leurs propositions pour l'organisation de la prochaine élection. Examinées et adoptées lors de la dernière session de son conseil national, les propositions du RCD portent sur la création de deux entités indépendantes : la commission nationale chargée de la gestion des élections (CNCGE) et de l'observatoire national des élections (ONE). Ce parti demande, dans ce sens, à écarter le ministère de l'Intérieur du processus d'organisation des scrutins. «Vouloir repartir aux élections avec le même dispositif institutionnel, organisationnel et juridique reviendrait à faire encourir au pays des périls plus grands que ceux qu'il a connus jusqu'ici», estime le parti. La CNCGE devra, selon le RCD, s'occuper de la gestion du processus d'inscription, de la révision des listes électorales et du suivi régulier du fichier ainsi que de l'organisation et la distribution des cartes d'électeur en introduisant les cartes biométriques. Quid des recommandations de la mission de l'UE ? Les partis islamistes, tel que le MSP, Ennahda et le PJD-Adala de Abdellah Djaballah insistent également sur l'importance de garantir des élections libres et transparentes. Ils brandissent, d'ores et déjà, la menace du boycott des élections dans le cas où le pouvoir ne prend pas des mesures dans ce sens. En plus des partis politiques, la Commission de surveillances des élections législatives et locales de 2012 (Cnisel), la mission de l'Union européenne (UE) pour la supervision des dernières élections législatives et les différentes ONG sollicitées par le gouvernement ont énuméré d'importantes lacunes dans le système d'organisation des joutes électorales. Elles ont toutes remis leurs rapports au gouvernement. Elles ont, rappelons-le, recommandé l'assainissement, la consolidation et la publication du fichier électoral qui suscite la polémique à chaque rendez-vous électoral. L'accès des partis aux médias, la présence de représentants des candidats dans les bureaux de vote et l'assurance de l'indépendance de la Cnisel figurent aussi parmi les recommandations. Quelle sera l'attitude du pouvoir face à ces exigences ? Va-t-il prendre en considération le contenu des rapports des organisations internationales qu'il avait lui-même invitées pour donner une légitimité aux élections législatives du 10 mai 2012 ?