Dans la wilaya de Sétif, comme d'ailleurs dans d'autres régions du pays, des pans entiers de la société sont exposés à la paupérisation et à la misère. Le chômage a atteint, dans certains endroits, notamment au nord de la wilaya, des proportions inquiétantes au point où tous les jeunes ont fui leur patelin. La fête de l'Aïd El Kébir, ou toute autre occasion, sont là pour prouver la détresse de nombreuses familles, qui ne savent plus quoi faire pour donner un peu de joie à leurs enfants en leur achetant quelque chose, comme par exemple un mouton. Et pour être dans l'air du temps, mechta Leghouel, la bien nommée, qui s'est recyclée depuis des années dans la vente de moutons destinés au Sacrifice, selon le rite d'Abraham, a drainé bien du monde. Parmi ces gens, beaucoup sont uniquement venus pour jauger le marché, car au vu des prix affichés, ils sont sûrs de ne jamais pouvoir offrir un agneau à leurs enfants. Que faire alors ? Certains diront que ce sera pour l'année prochaine, d'autres compteront sur les âmes charitables. D'ailleurs, ces dernières sont totalement désorientées, ne sachant plus à qui offrir l'obole en raison du nombre de plus en plus grandissant des démunis. A cela, s'ajoute la disparition des repères d'une société totalement déstructurée où les initiatives d'aide et de soutien se font de plus en plus rares. Que reste-t-il alors à cette population dont le pouvoir d'achat est laminé ? Que faire pour survivre ? L'achat d'un mouton pour l'Aïd représente, pour une très grande partie de la population de la wilaya, beaucoup de sacrifices.