A Ghardaïa, il y a une société complexe que le pouvoir ne comprend pas. Il y a une incapacité chez le régime de régler un conflit de cette nature où des citoyens déclarent avoir été laissés seuls pendant que la police est déployée à Alger pour mater des groupes d'opposants au 4e mandat de Bouteflika», a déclaré le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, à Tizi Ouzou, lors d'une conférence-débat, organisée par le comité de l'Institut des sciences économiques, sous le thème : «Le 17 avril : perspectives et enjeux». Dans le même contexte, l'invité des étudiants dira avec une touche ironique : «Les responsables ne savent pas parler au peuple sans l'insulter», allusion aux propos tenus par Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du candidat Bouteflika à l'encontre des Chaouis. Sans faire dans le juridisme, Soufiane Djilali a estimé que «moralement, Bouteflika n'a pas le droit de se présenter, car il a trituré une Loi fondamentale qui ne lui appartient pas. Cette Constitution devant être révisée avec la participation de toutes les forces politiques». Evoquant la situation des partis de l'opposition, l'invité de l'université de Tizi Ouzou a indiqué que l'opposition «est en train de couler parce qu'elle est faible politiquement et divisée. Même si elle a commencé à se parler tardivement, à l'ombre de cette conjoncture, elle doit s'entendre sur des règles communes». L'autre politicien, qui n'a pas échappé aux critiques de M. Djilali, est le revenant, Ahmed Ouyahia que, selon le conférencier, «Bouteflika a affamé avant de le laisser courir pour revenir». Pour le leader de Jil Jadid, Bouteflika est comme un axe central fragile d'un chapiteau, dont les principaux appuis sont les Sellal, Amar Ghoul, Benyounès, Saadani entre autres. Si cet axe casse, les autres tomberont aussi, prévient-il. Quant au Forum des chefs d'entreprises (FCE), il n'est, selon l'orateur, que l'épiphénomène du système mafieux au pouvoir. Ce forum est motivé par les mêmes ambitions qui visent le partage de la rente sans se baser sur la dynamique de création de richesses et du développement. Soufiane Djilali, qui ne croit pas au développement des événements actuels à l'égyptienne ou à la syrienne, a analysé que «nous vivrons un printemps arabe sur 2 ou 3 ans», que les retombées des révoltes populaires des pays arabes «agiront sur notre société et le pouvoir avec le temps», avant de constater que le semblant d'ouverture des champs politique et médiatique qu'a connu l'Algérie en 2011 est intervenu justement dans le contexte du déclenchement des révoltes dans les pays voisins.