Ce n'est pas un ghetto mais c'est tout comme. Kechida, cette extension qu' urbanistes et décideurs voulaient salutaire pour la ville de Batna, ressemble à tout sauf à un lieu où l'on veut vivre. « Chefs-d'œuvre » anti-architecturaux, insécurité, absence quasi totale d'aménagement urbain, insalubrité, manque d'infrastructures de loisirs, de santé, d'éducation et, cerise sur le gâteau, un oued crasseux et une ligne ferroviaire qui traversent le quartier en son milieu . Bref, le témoin gênant d'un apartheid qui veut qu'il y ait une ville fréquentable, celle des quartiers huppés où l'on rénove les trottoirs chaque deux ans, et une ville mal aimée où s'alignent cités-dortoirs et lotissements anarchiques. Kechida fait partie de la deuxième catégorie, bien entendu. Sa superficie immense et sa densité urbanistique et populaire ne sont pas faites hélas pour faciliter les choses. Cela ne doit pas constituer une excuse pour les autorités de la ville, notamment la commune. Prenons un exemple de quartier parmi tant d'autres qui forment l'ancien Kechida, dont l'évitement ouest constitue une ligne de séparation avec le nouveau. La cité des Frères Chabâani (ou cité des 55 villas EPLF) était vouée à un destin plutôt paisible, s'agissant d'un pâté de villas bien conçu au départ par le promoteur EPLF et surtout bien situé. Aujourd'hui, le cadre de vie ressemble à celui de n'importe quel bidonville : chaussée en gruyère, trottoirs inexistants, petits lacs d'eaux stagnantes et de boue, espaces verts inexistants si ce n'est les arbres d'alignement plantés à l'initiative des riverains. A cela s'ajoute le rationnement en eau potable et l'irrégularité du service de ramassage des ordures ménagères, au gré des camions appartenant à une entreprise privée qui sous-traite pour la commune. L'incivisme de certains habitants est encouragé par l'absence d'autorité, à l'image d'ateliers de mécanique qui se déploient dans la rue, comme celui situé en face de la clinique El Ihsane, ou encore ces troupeaux de moutons élevés à l'intérieur du quartier et qui chaque jour sont lâchés pour venir brouter devant les maisons des autres. Le président de l'APC a été saisi à plusieurs reprises, et une fois, il est même venu s'enquérir de la situation lui-même, affirme un membre du comité de cité. Des promesses ont été faites par l'élu, mais à l'heure qu'il est, le spectacle est aussi affligeant que par le passé. Certes, un passage mitoyen avec la clinique El Ihsane a été éclairé après qu'on a enregistré des agressions, mais c'est tout. D'ailleurs, même le passage en question, faute d'être goudronné, est transformé en dépotoir par des gens qui viennent de partout y déposer, impunément, les gravats de construction et autres ordures. Là où le promoteur a failli à ses engagements, c'est quand les membres du comité sont allés jusqu'à solliciter la commune pour leur fournir des bordures de trottoirs et se charger eux-mêmes de leur pose, prélude à la création d'espaces verts devant les maisons. Rien n'y fit. Du côté de l'APC, on reconnaît que Kechida n'a pas eu sa part d'attentions. Ceci dit, après avoir consacré les budgets de 2009 à la réfection des chaussées et l'aménagement urbain dans des quartiers comme Bouakal, Hachachna et le parc à fourrage, l'APC, et par le biais du vice-président chargé de l'urbanisme, Mohamed Khenag, promet de donner la priorité à Kechida et la cité des Chouhadas en 2010. Une gageure pour l'APC qui devrait tenir en compte la qualité des travaux et appuyer le contrôle des chantiers pour que l'argent du contribuable ne soit pas gaspillé et les rêves de la population ne se brisent pas aux premières intempéries.