– A l'instar de la Chine, de la France ou de la Turquie, les Etats-Unis ont décidé cette année d'avoir aussi leur sommet USA-Afrique. Quels sont les principaux objectifs que le gouvernement américain assigne à ce rendez-vous ? Le sommet Etats-Unis-Afrique est pour nous une occasion historique pour renforcer nos liens avec nos partenaires africains et de souligner l'engagement formulé de longue date par l'Amérique d'investir dans le développement de l'Afrique et de ses habitants. Le thème du sommet, «Investir dans la prochaine génération», reflète l'ambition commune que nous partageons avec les peuples et gouvernements d'Afrique de faire en sorte que les générations futures héritent de pays qui soient dans un meilleur état. Pour cela, il s'agit de réaliser des gains concrets en matière de paix, de sécurité, de bonne gouvernance et de développement économique. Le sommet sera également l'occasion de souligner notre investissement de longue date dans des institutions démocratiques fortes et la prochaine génération de dirigeants de l'Afrique. Nous soutenons les aspirations des Africains pour une gouvernance meilleure et le respect des droits de l'homme. Nous approfondissons notre relation avec les jeunes leaders africains qui font la promotion de changements positifs dans leurs communautés. Le sommet est le plus grand engagement qu'a eu jusque-là à faire un président américain avec l'Afrique. S'étalant sur trois jours, il verra la participation de 50 chefs d'Etat. Il y aura aussi des associations de la société civile africaine, des chefs d'entreprises, de jeunes leaders africains, des membres du Congrès et de nombreuses personnalités américaines. – Les Etats-Unis sont peu présents en Afrique. C'est un continent auquel Washington ne s'est pas beaucoup intéressé ces 30 dernières années. Comment expliquer ce soudain regain d'intérêt pour l'Afrique ? En réalité, les relations qu'entretiennent les Etats-Unis avec l'Afrique sont uniques. Elles sont basées sur des intérêts communs, une histoire commune. Les Etats-Unis ont été un partenaire solide de l'Afrique depuis les premiers jours de la décolonisation. Un grand nombre d'Américains ont vécu et travaillé sur le continent africain comme volontaires du Corps de la paix, comme travailleurs humanitaires, comme missionnaires ou comme chefs d'entreprises. La liste est longue. Nous voyons notre coopération avec l'Afrique, au même titre qu'une gamme de partenaires internationaux, sous l'angle du partenariat et non sous l'angle de la concurrence. Par ailleurs, les dirigeants africains ont exprimé, à travers différents canaux, leur souhait de constituer un groupe avec le président des États-Unis. Ce sommet cherchera à répondre à ces demandes et en même temps ajouter un élément de cohérence aux nombreux efforts en cours à l'échelle mondiale pour améliorer le développement global et la condition humaine sur le continent africain. – De nombreux analystes soutiennent l'idée qu'il existe actuellement une sorte de «guerre froide» entre les grandes puissances pour le contrôle des ressources naturelles de l'Afrique. Le sommet USA-Afrique n'est-il pas fait justement pour rattraper le retard accusé par les compagnies américaines dans cette partie du monde ? Nous nous félicitons de l'attention que l'Afrique reçoit de pays comme la Chine, le Brésil, l'Inde et la Turquie. Plus des pays montrent un grand intérêt pour l'Afrique, plus nous aurons les moyens d'intégrer davantage le continent dans l'économie mondiale. Il a le potentiel de créer des emplois, des entreprises et d'offrir des opportunités d'affaires. Nous ne nous sentons pas menacés par cela. C'est, au contraire, une bonne chose. En revanche, nous pensons qu'il est important pour les Africains de veiller à ce que toutes ces interactions profitent aux populations et les aident à régler leurs problèmes. Si un pays veut un partenariat avec l'Afrique, est-ce qu'il embauchera des travailleurs africains ? Si exploitation des ressources naturelles il y a, l'argent va-t-il rester en Afrique ? Ce sont des questions qu'ils doivent se poser. Au-delà, nous pensons que plus on est nombreux, plus on est joyeux. Néanmoins, nous pensons que les pays africains devraient s'assurer que leurs partenariats bénéficient à leur peuple et qu'ils apportent une valeur ajoutée et non le contraire. – Selon vous, quels sont les obstacles qui freinent le plus le décollage de l'Afrique ? En même temps que l'Afrique se développe économiquement, les conflits, la criminalité et le terrorisme continuent de menacer de nombreuses communautés et de freiner la prospérité du continent. Le but du sommet Etats-Unis-Afrique est justement de réaliser des objectifs partagés comme le renforcement des capacités de l'Afrique pour contrer les menaces transnationales et la participation à des opérations (de paix) de l'ONU et de l'Union africaine. Les Etats-Unis ont un intérêt profond dans une Afrique pacifique et prospère. Aujourd'hui, l'Afrique est un nouveau centre de la croissance mondiale et crée plus qu'auparavant des opportunités pour ses citoyens. Aujourd'hui, le défi est de s'assurer que ces gains soient développés et profitent à tous les Africains. A ce propos, le sommet inclut un forum d'affaires Etats-Unis-Afrique. Il a y un fort mouvement pour accroître le commerce et les investissements des Etats-Unis. L'Afrique souhaite que les investisseurs américains se dirigent vers l'Afrique.